Carte du Canada avec drapeau de feuille d'érable
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L’économie canadienne affiche une contraction surprise de 0,2 % pour le deuxième trimestre.

Des économistes ont estimé vendredi que les nouvelles données sur le produit intérieur brut (PIB) de Statistique Canada, qui montrent une contraction de l’économie au deuxième trimestre, suggéraient que la campagne de hausse des taux de la Banque du Canada pourrait toucher à sa fin.

L’économie canadienne a semblé stagner au deuxième trimestre, alors que les investissements en logement ont continué de diminuer, entraînés par la baisse des constructions neuves. L’économie s’est contractée à un taux annualisé de 0,2 % d’avril à juin, a indiqué Statistique Canada, ce qui était plus faible que ce que les experts avaient prévu.

Les investissements en logement ont diminué de 2,1 %, affichant leur cinquième baisse trimestrielle consécutive. Les constructions neuves ont chuté de 8,2 % au cours du trimestre, tandis que les activités de rénovation ont baissé de 4,3 %.

Cette baisse des dépenses est survenue alors que les Canadiens étaient confrontés à des coûts d’emprunt plus élevés, alimentés par les hausses des taux d’intérêt de la Banque du Canada, qui tente de ramener l’inflation à son objectif de 2 %.

Tu Nguyen, économiste au sein du cabinet comptable et de conseil RSM Canada, a souligné que le ralentissement de l’économie devrait être une preuve suffisante pour que la banque centrale renonce à de nouvelles hausses de taux, à moins qu’un autre choc externe majeur ne fasse monter l’inflation.

« L’objectif de la banque est, à terme, de restaurer la stabilité des prix, de réduire une économie en surchauffe. Leur objectif n’est pas de provoquer une récession. Il semble donc que la banque ait atteint son objectif », a-t-elle fait valoir.

« Ils vont certainement continuer à surveiller les données, car il y a eu beaucoup de bruit. Si j’ai assez bon espoir que c’est la fin, c’est parce que nous ne nous attendons pas à ce que les dépenses augmentent vraiment vers la fin de l’année. »

Mme Nguyen a observé que c’était la première fois depuis les premiers jours de la pandémie que les dépenses en services n’augmentaient pas, ce qui, selon elle, est un signal puissant d’un ralentissement de l’économie. Ceci, malgré l’augmentation de l’épargne des ménages, suggère que « les gens ont en réalité plus d’argent dans leurs poches, mais ils choisissent de l’épargner et de ne pas le dépenser parce qu’ils anticipent une récession ».

Pas de baisse de taux imminente
La prochaine décision de la Banque du Canada sur les taux d’intérêt est prévue pour mercredi prochain.

La banque centrale a relevé en juillet son taux d’intérêt directeur d’un quart de point de pourcentage pour le porter à 5 %, affirmant qu’elle restait préoccupée par le fait que les progrès vers son objectif d’inflation de 2 % pourraient stagner.

Mme Nguyen a prédit que la Banque du Canada ne réduirait probablement pas ses taux avant au moins avril 2024. « La banque a besoin de constater des preuves durables d’une inflation allant au moins vers 2 %. Elle n’atteindra probablement pas 2 % avant 2025, mais elle devra rester en dessous de 3 % pendant assez longtemps », a-t-elle expliqué.

« Si la banque réduit les taux trop tôt, elle encourage les entreprises et les ménages à emprunter à nouveau, ce qui réchauffe en quelque sorte l’économie, et nous avons vraiment besoin d’une période de refroidissement. »

Statistique Canada a également révisé ses chiffres de croissance pour le premier trimestre, et elle fait maintenant état d’une croissance annualisée de 2,6 %, plutôt que de 3,1 %, pour cette période.

« La contraction surprise du PIB au deuxième trimestre ne laisse aucun doute sur le fait que la Banque du Canada maintiendra ses taux d’intérêt inchangés la semaine prochaine », a écrit Stephen Brown, économiste en chef adjoint pour l’Amérique du Nord chez Capital Economics, dans une note adressée à ses clients.

« Avec la chute du PIB mensuel en juin et la stagnation apparente en juillet, qui posent des bases fragiles pour le troisième trimestre, l’économie canadienne pourrait déjà être engagée dans une modeste récession. »

La faiblesse du deuxième trimestre a également été attribuée à une moindre accumulation des stocks, ainsi qu’à un ralentissement de la croissance des exportations et des dépenses des ménages.

Les exportations de biens et de services ont augmenté de 0,1 % au deuxième trimestre, après avoir progressé de 2,5 % au premier trimestre. La croissance des dépenses réelles des ménages a ralenti à 0,1 % au deuxième trimestre, contre 1,2 % au premier trimestre. Parallèlement, les investissements des entreprises en ouvrages non résidentiels ont augmenté de 2,4 % au deuxième trimestre, stimulés par une hausse de 3,3 % des dépenses en ouvrages de génie.

Le recul global du deuxième trimestre est survenu alors que l’économie s’est contractée de 0,2 % en juin.

L’activité des industries productrices de services a diminué de 0,2 % en juin, tandis que celle des industries productrices de biens s’est contractée de 0,4 % pour le mois.

Statistique Canada a également indiqué que ses premières estimations pour juillet suggéraient que le PIB réel était resté essentiellement inchangé pour le mois, tout en prévenant que le chiffre serait mis à jour d’ici sa publication officielle, dans un mois.