Les employeurs québécois n’ont toujours pas établi avec certitude le modèle d’organisation du travail qu’ils souhaitent imposer à leurs employés à long terme, même si la formule hybride, avec différentes variations, semble vouloir s’imposer, selon un sondage de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés.
La très grande majorité des employeurs du Québec (93 %) ont fait l’expérience des divers modes hybrides de travail au cours de la dernière année. Malgré la satisfaction des employeurs et des travailleurs quant au mode de travail mis en place au cours de la dernière année, une organisation sur trois (32 %) pourrait ou a assurément l’intention de revoir le mode de travail au cours de la prochaine année. De plus, pour refléter le mode de travail adopté, près d’un employeur sur deux (45 %) a l’intention de réaliser des modifications d’envergure à ses lieux de travail (réduction ou reconfiguration de l’espace).
Le travail hybride est de loin la formule la plus répandue dans les milieux de travail, alors que 52 % ont adopté une formule hybride avec une exigence de présence minimale au bureau prédéterminée par l’employeur selon une formule fixe. Près du quart (22 %) des employeurs ont également opté pour le modèle hybride, mais en accordant une pleine flexibilité à l’employé. Le cinquième des organisations (19 %) ont pour leur part privilégié un modèle hybride avec une exigence de présence minimale au bureau prédéterminée par l’employeur en fonction des tâches, des activités et de la nature des emplois.
Les autres employeurs, plus minoritaires, exigent de leurs employés qu’ils travaillent en présentiel à temps plein (19 %), ou ont plutôt opté pour un environnement de travail entièrement virtuel, où l’ensemble de leurs travailleurs travaillent à distance en permanence (15 %).
« Plusieurs mois après la fin de la pandémie, ça bouge encore beaucoup au sein des organisations ! Il n’y a pas de recette unique et les employeurs continuent d’expérimenter pour trouver la formule qui conviendra le mieux à leurs besoins. Ces expérimentations sont saines. Elles montrent que le travail ne s’arrête pas une fois le modèle implanté. Il faut mesurer les résultats et continuer de s’adapter si nécessaire », résume Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des CRHA.
En revanche, de grands progrès ont été réalisés pour formaliser la pratique du télétravail dans les organisations. Ainsi 79 % des employeurs ont maintenant une politique pour encadrer le télétravail, comparativement à seulement 49 % en août 2020.
De plus, près d’un employeur sur quatre (23 %) a maintenant une politique ou des mécanismes officiels pour limiter les heures travaillées ou la déconnexion en dehors des heures normales de travail, contre seulement 7 % en décembre 2018. Il faut néanmoins noter que la pression ressentie par les télétravailleurs pour rester connectés vient souvent d’eux-mêmes (42 %).
La mode des « tracances »
Le sondage révèle également que quatre organisations sur dix ont déjà ou prévoient se doter d’une politique pour encadrer les « tracances » (contraction de travail et vacances), soit la possibilité de travailler à partir de n’importe où dans le monde pendant une certaine période avant ou après des vacances.
Cette tendance relativement nouvelle dans le monde du travail suscite beaucoup d’enthousiasme, alors que huit travailleurs sur dix aimeraient s’en prévaloir si leur employeur en offrait la possibilité.
« Les organisations qui souhaitent implanter les tracances doivent toutefois prendre soin de bien évaluer l’ensemble des implications sur le plan fiscal ou de la sécurité des données, de même que l’incidence sur les mécanismes de collaboration », prévient Manon Poirier.
Des télétravailleurs moins nombreux
Un autre sondage mené par Aviva révèle qu’une moins grande proportion de Canadiens travaille à domicile à temps plein (19 %) qu’en 2022 (27 %), tandis que plus de personnes ont adopté un mode de travail hybride à raison de quelques jours par semaine, soit 29 % par rapport à 25 % l’an dernier.
Le quart des employés apprécient l’environnement propice à la collaboration du bureau, alors que 21 avouent privilégier le climat social du bureau. Enfin, 15 % des répondants affirment que la grande souplesse du mode de travail hybride leur permet de concilier plus aisément leurs priorités professionnelles et personnelles ; le taux de réponse était de 9 % en 2022.
« Il est encourageant de constater que les bienfaits sociaux du mode de travail hybride favorisent le retour au bureau, mais nous faisons face à un univers de contradictions, car les Canadiens tentent à la fois de profiter de ces avantages et de composer avec les désagréments que suscitent leurs déplacements et le contexte économique actuel de plus en plus préoccupant », souligne Susan Penwarden, directrice générale de l’assurance des particuliers à Aviva Canada.