De gauche à droite: Denis Roy, UPA, et Pierre-Luc Trudel, Avantages/Crédit: Yavuz Photo

En travaillant à la fois sur la conception et la communication de son régime de retraite, l’Union des producteurs agricoles (UPA) est parvenue à en faire un puissant outil de rétention et d’engagement des employés.

« Les gens entrent à l’UPA et pensent être là seulement pendant quelques années, mais bien souvent les années passent et beaucoup finissent par passer une grande partie de leur carrière chez nous », a raconté Denis Roy, trésorier de l’organisation lors de la dernière édition du Colloque CD d’Avantages.

« Mon objectif, c’est que les travailleurs qui partent pour la retraite aient un revenu décent après avoir consacré autant d’années de leur vie professionnelle à notre organisation », dit-il.

Pour atteindre cet objectif, l’UPA s’appuie sur un régime de retraite multiemployeurs comptant 1 500 participants et détenant un actif sous gestion d’environ 150 millions de dollars. Les deux tiers des participants bénéficient d’un régime hybride : la cotisation de l’employé est versée dans un régime CD, alors que la part de l’employeur est versée dans un régime PD.

« On a été à contre-courant, admet Denis Roy. Quand j’ai commencé, on était 100 % CD. Et en 2008, quand tout le monde sortait des régimes PD, on a mis en place un volet PD ! »

Malgré le volet PD qui verse des prestations de retraite à vie aux participants, l’UPA a décidé il y a quelques années de mettre en place un mécanisme de décaissement pour son volet CD.

« Les gens venaient nous voir et nous demandaient s’il y avait un moyen pour eux de laisser l’argent dans le régime, se souvient Denis Roy. On avait même un participant inactif de 70 ans qui avait encore ses sommes dans le régime et qui attendait qu’une solution de décaissement soit disponible pour sortir son argent. La pression est donc venue de nos participants. Ils trouvaient que le régime les avait bien servis et espéraient pouvoir y laisser leur actif accumulé. »

Du point de vue patronal, l’idée d’offrir des prestations variables à même le régime était également pertinente afin d’éviter une fuite des actifs vers le marché de détail.

« On voulait continuer de faire croître notre actif. Je constatais l’augmentation de l’âge des participants et je m’inquiétais des sommes qui allaient quitter le régime quand ils allaient prendre leur retraite, indique M. Roy. Tu vois ton actif diminuer et les frais d’administration augmenter. En tant que promoteur, on a la responsabilité d’offrir le meilleur rendement. Ça implique d’avoir la plus grosse caisse possible de façon à avoir accès à des gestionnaires de fonds de qualité. »

N’empêche que la concurrence des institutions financières est forte quand vient le temps de convaincre les employés de laisser leur actif dans lerégime. La croissance du volet de décaissement de la caisse de retraite de l’UPA a été relativement lente, mais celui-ci gagne tout de même en popularité auprès des participants. L’actif détenu par cette portion de la caisse de retraite est passé de 300 000 $ la première année à environ 8 M$ aujourd’hui.

« Notre stratégie est de mettre nos participants en contact avec les conseillers de notre fournisseur, qui ne sont pas rémunérés avec des commissions et qui connaissent bien nos options de décaissement », explique Denis Roy. On veut être les premiers à mettre le pied dans la porte pour que le décaissement à même le régime soit l’option qu’aient en tête nos participants dès 60 ou 62 ans. »

Pour tenter de convaincre les employés d’opter pour la solution de décaissement du régime, le promoteur a également créé un graphique de l’incidence des frais d’administration plus élevés dans le marché de détail sur l’évolution de l’actif sur une période de 25 ou 30 ans. « C’est un de nos éléments punch ! », ajoute M. Roy.

Lutter contre l’inertie des participants

L’UPA est aussi consciente qu’elle doit miser sur la littératie financière de ses participants pour espérer accroître la portée de sa solution de décaissement. L’organisation profite d’ailleurs de la popularité de l’assemblée annuelle du régime de retraite pour faire de l’éducation financière, et pas simplement discuter des questions administratives. « On essaie de la rendre intéressante. Au moins 100 personnes participent chaque année, affirme M. Roy. Ça surprend mes collègues de l’industrie quand je leur dis ça ! »

Les séances de préparation à la retraite organisées en collaboration avec le fournisseur de service jouissent aussi d’une grande popularité, 40 % des employés de 50 ans et plus y ayant déjà participé. Un volet légal et psychosocial est même offert grâce à un partenariat avec le Cégep Marie-Victorin. « Les gens nous disent qu’ils auraient aimé assister à cette séance-là dix ans plus tôt ! Le message qu’on veut lancer à nos employés, c’est “assure-toi de poser les bonnes questions à ton conseiller à la banque” », mentionne Denis Roy.

Prochaine étape : recueillir des témoignages de retraités qui sont restés dans le régime au stade du décaissement. « Permettre aux participants d’entendre d’anciens collègues raconter à quel point ils sont satisfaits du programme serait un atout important pour nous », indique Denis Roy.

En parallèle des efforts destinés à promouvoir la solution de décaissement du régime, l’UPA cherche également à accroître les taux de cotisation des travailleurs, qui oscille autour de 4 à 5 %. Les employeurs versent pour leur part une cotisation de 7,6 % dans le volet PD du régime hybride, tandis que dans les groupes qui ont un régime 100 % CD, la cotisation patronale se situe autour de 5 %.

« Mon plus grand défi, c’est de convaincre les syndicats de l’importance du régime. Et le plus grand défi des syndicats, c’est de convaincre les syndiqués d’augmenter leur taux de cotisation lors des assemblées générales », soutient Denis Roy, qui aimerait bien mettre en place un mécanisme automatique qui transférerait les cotisations normalement allouées au Régime de rentes du Québec vers le régime d’employeur une fois le maximum des gains admissibles atteint.

Autre preuve de l’engagement des employés de l’UPA envers leur régime de retraite, 80 % d’entre eux consultent les services en ligne du fournisseur, et 50 % ont complété leur objectif de retraite à l’aide de l’outil à leur disposition. Le fournisseur envoie environ sept ou huit communications par courriel annuellement, parfois pour rassurer les participants en lien avec les événements qui surviennent sur les marchés financiers.

Mais comme pour tous les promoteurs de régimes de retraite, la communication est un défi constant, souligne Denis Roy. « Les gens voient leur relevé du régime CD et nous disent que l’employeur ne met pas d’argent dans le régime. Il faut leur expliquer que la cotisation de l’employeur est indiquée sur l’autre relevé, celui du régime PD ! »