La forte hausse du coût de la vie au cours des dernières années a entraîné une détérioration de la situation financière des Canadiens. Accaparés par les dépenses quotidiennes, les participants de régimes d’accumulation de capital ne font plus de l’épargne une aussi grande priorité.
L’édition 2023 du Sondage auprès des participants aux régimes de capitalisation d’Avantages et Benefits Canada révèle en effet que 41 % des Canadiens jugent leur situation financière générale comme excellente ou très bonne, alors qu’ils étaient 47 % à être de cet avis en 2021 et 2022. Plus du quart (28 %) des quelque 500 participants au sondage ont en outre déclaré que leur situation financière était pire que l’année dernière.
L’inflation et la hausse des taux d’intérêt sont identifiées par les participants comme les principaux facteurs nuisant à leur santé financière, dans des proportions de respectivement 76 % et 59 %.
Cela se traduit notamment par une préoccupation grandissante à l’égard du paiement des dépenses quotidiennes. Alors qu’en 2021, 65 % en faisaient leur priorité en matière de finance personnelle, cette proportion a grimpé à 72 % en 2023. À l’inverse, l’épargne-retraite est davantage mise de côté. Alors qu’il s’agissait d’une priorité pour 52 % des participants en 2021, seulement 45 % d’entre eux étaient toujours du même avis en 2023. Par ailleurs, 16 % des participants disent avoir réduit leurs cotisations à leur régime de capitalisation en raison de l’inflation.
Signe que les participants sont moins enclins à verser des cotisations élevées à leur régime, le soutien aux initiatives de hausse automatique des taux de cotisation au fil des années, lors des augmentations salariales par exemple, a nettement reculé. Alors que 64 % des participants de régime étaient favorables à un tel système en 2014, seulement 51 % trouvaient qu’il s’agissait d’une bonne idée en 2023.
Les REER et les CELI avant les régimes de retraite
Mauvaise nouvelle pour les promoteurs de régime d’accumulation de capital : les participants accordent davantage d’importance à leurs outils d’épargne-retraite personnels comme le REER (72 %) et le CELI (64 %) qu’à leur REER collectif (59 %) ou leur régime à cotisation déterminée (53 %).
En revanche, la majorité des répondants (57 %) considèrent que les fonds détenus dans les régimes de retraite d’employeur devraient avant tout servir à la retraite, loin devant la constitution d’un fonds d’urgence (16 %) et l’achat d’une maison (13 %).
Le sondage de 2023 permet aussi de constater que les attentes des participants concernant leur niveau de vie à la retraite sont modérées. La moitié des répondants (50 %) estiment qu’ils devraient être en mesure de vivre de manière indépendante et de payer leurs factures à la retraite. Les perspectives sont moins favorables pour 14 % des participants, qui s’attendent à devoir obtenir du soutien financier de membres de leur famille pour boucler leur budget.
Si les attentes en matière de niveau de vie à la retraite sont relativement modestes pour la plupart des participants, la somme qu’ils souhaitent accumuler est loin de l’être. En moyenne, les répondants pensent devoir détenir 1,4 M$ d’actif au moment de prendre leur retraite pour soutenir leur train de vie. Il s’agit d’une hausse de près de 400 000 $ par rapport à l’année précédente.
Les taux de cotisation aux régimes d’accumulation de capital permettront-ils d’atteindre cet objectif ? En moyenne, les participants versent l’équivalent de 5,2 % de leur salaire dans le régime, alors que les promoteurs cotisent à hauteur de 4,7 % du salaire.
La retraite tardive peu populaire
Malgré l’inflation et le retard pris dans l’épargne-retraite, peu de participants ont l’intention de retarder leur départ à la retraite. En 2023, les répondants prévoyaient en moyenne partir à la retraite à 63,2 ans, soit exactement le même âge qu’il y a dix ans. Il n’est donc pas surprenant d’apprendre que 76 % n’envisagent pas d’apporter de modification à leur âge prévu de départ à la retraite, malgré l’inflation et les taux d’intérêt.
Un participant sur cinq (19 %) estime néanmoins qu’il devra travailler plus longtemps qu’anticipé. Les principales raisons évoquées sont l’inflation (71 %), la hausse des taux d’intérêt (56 %) et les rendements trop faibles obtenus sur les placements (43 %).
Dans l’ensemble, les participants aux régimes de capitalisation peinent à comprendre les risques liés à leur régime de retraite. De 36 % à 40 % des répondants admettent avoir une mauvaise compréhension du risque inflationniste, du risque de taux d’intérêt et du risque de longévité. En outre, 40 % des participants estiment ne pas savoir comment ils pourront convertir l’actif accumulé dans leur régime de capitalisation en revenus de retraite.
À ce chapitre, le FERR et le FRV demeurent les options de décaissement privilégiées par les participants (43 %), alors que seulement 26 % des participants disent qu’ils opteraient pour le mécanisme de décaissement offert par le régime de leur employeur, si une telle possibilité leur était offerte. Malgré les taux d’intérêt plus élevés, les participants se montrent toujours réticents à souscrire une rente viagère auprès d’un assureur (21 %). Enfin, près du quart des répondants (23 %) avouent n’avoir aucune idée de ce qu’ils feront de leur actif accumulé au moment de prendre leur retraite.