Iain Fletcher, Sun Life/Crédit: Yavuz Photo

Entre le risque de survivre à ses épargnes, le manque de liquidité, l’augmentation des dépenses de soins de santé, la protection contre l’inflation, la volatilité des placements, et les frais de gestion, les défis associés au décaissement dans les régimes d’accumulation de capital sont multiples. Autant de raisons pour les employeurs de s’y impliquer.

« Le décaissement, c’est beaucoup plus complexe que de retirer de l’argent de son compte et de le mettre dans ses poches », a insisté d’entrée de jeu Iain Fletcher, chargé des relations avec la clientèle, régimes collectifs de retraite à la Sun Life, lors de la dernière édition du Colloque CD.

À l’heure actuelle, les participants âgés de 50 à 65 ans détiennent environ 60 % de l’actif total des régimes de capitalisation au pays. Un tel niveau de maturité n’est pas sans risque pour les promoteurs. « Dans les prochains 10

à 15 ans maximum, c’est donc 60 % de l’actif qui va sortir des comptes et être transformé en revenu de retraite », soutient M. Fletcher.

Or, peu de participants et de promoteurs ont la préparation nécessaire pour faire face à une telle vague démographique. « On est tellement occupé avec ce qui se passe dans nos régimes aujourd’hui que c’est un peu normal qu’on ne s’occupe peut-être pas assez de demain. Par exemple, êtes-vous prêts à négocier avec vos fournisseurs pour garder les mêmes frais, malgré un actif moindre ? », demande-t-il.

La crainte d’une décroissance de l’actif du régime n’est toutefois pas la seule raison qui devrait pousser les promoteurs à s’intéresser à l’après-retraite des participants. Un bon système de décaissement peut par exemple être un atout non négligeable pour favoriser la rétention des employés plus âgés. Considérant que le stress financier affecte la santé de 45 % des travailleurs, offrir à ceux-ci un peu de paix d’esprit par le biais d’un mécanisme de décaissement efficace peut également améliorer la productivité des travailleurs tout en limitant l’absentéisme et le présentéisme, souligne Iain Fletcher.

Eve Dubuc, Sun Life/Crédit: Yavuz Photo

Heureusement, les employeurs semblent aujourd’hui plus motivés à jouer un rôle actif dans le décaissement et sont plus conscients de leur responsabilité en la matière, poursuit Eve Dubuc, directrice régionale, développement des affaires, régimes collectifs de retraite à la Sun Life. « On constate un changement de philosophie des employeurs concernant le conseil. Il y a quelques années, les employeurs étaient encore très frileux à cet égard. Mais maintenant, ils endossent de plus en plus les services de conseil offerts par leur fournisseur. »

Plusieurs possibilités s’offrent aux promoteurs dans la mise en place d’une solution de décaissement. Selon le niveau d’implication souhaité, ils peuvent opter pour une prise en charge intégrale par le fournisseur, ou alors privilégier un partenariat. Certains promoteurs vont même jusqu’à parrainer leur propre solution. « Plus un employeur s’engage dans le programme de décaissement, plus les chances de succès sont grandes », soutient Eve Dubuc.

Produits et conseils améliorés

Si les produits utilisés sont certes centraux dans la mise en œuvre du décaissement, c’est avant tout la question du conseil qui va convaincre les participants d’adhérer au programme. « Il faut donner le bon conseil au bon moment et à la bonne personne, mentionne-t-elle. Le participant doit bien connaître les outils et les services auxquels il va avoir accès pour planifier sa retraite de façon d’assurer une expérience harmonieuse lors de la transition entre la phase d’accumulation et la phase de décaissement. »

Dans un monde idéal, les conseils financiers prodigués aux participants devraient débuter dès l’adhésion au régime, et se poursuivre après la retraite de façon à réajuster le tir si nécessaire. « Environ 10 à 15 ans avant le départ à la retraite, c’est important de planifier davantage la question du revenu de retraite », affirme Mme Dubuc.

Les participants doivent néanmoins pouvoir obtenir des conseils relatifs à d’autres objectifs que la retraite, l’achat d’une maison, le financement des études ou la réalisation d’un voyage, par exemple. « Au-delà du régime d’employeur, c’est important d’offrir un portrait d’ensemble de la situation financière, en incluant tous les comptes d’épargne du participant, de même que ceux du conjoint », ajoute-t-elle.

À l’heure actuelle, trois principaux produits peuvent être utilisés dans une stratégie de décaissement d’un régime de retraite collectif : le FERR, le FRV et la rente viagère. Des solutions plus novatrices devraient toutefois faire leur apparition sur le marché au cours des prochaines années, à mesure qu’elles recevront leur approbation réglementaire.

Parmi ces futurs produits figurent la rente viagère différée à un âge avancé, qui permettra aux participants de reporter le versement de leur rente jusqu’à l’âge de 85 ans, et ainsi, mieux se prémunir du risque de longévité.

Fort attendues dans l’industrie, les rentes viagères à paiements variables permettront quant à elles une mise en commun du risque de longévité. « Une partie ou la totalité du solde du compte pourra être utilisée afin d’obtenir une rente à vie, dont le montant pourra varier en fonction de l’expérience du régime liée aux placements et à la mortalité », explique Eve Dubuc.

« Les stratégies de décaissement du futur intégreront différents produits, et il y a encore beaucoup à faire de la part des autorités et des assureurs, conclut-elle. L’objectif est d’ajouter de nouvelles options dans la boîte à outils des promoteurs. »