Insécurité financière : l’employeur fait partie de la solution

Nos plus récentes enquêtes révèlent que l’insécurité financière est une réalité importante pour une grande proportion des travailleurs et qu’environ 25 % d’entre eux indiquent être aux prises avec des problèmes financiers. À qui incombe la responsabilité de pallier ce problème ? ­Aux travailleurs ? ­Aux gouvernements ? ­Aux employeurs ? ­Elle est certainement partagée, mais les employeurs sont aux premières loges : ils ont un lien direct avec les employés et disposent souvent d’une multitude de ressources, quelquefois même sans le savoir. Les employeurs offrent déjà des avantages à leurs employés, contribuant ainsi à leur ­mieux-être financier (salaire, assurance médicale, régime de retraite, etc.). Mais cette offre ­répond-elle adéquatement aux besoins de la ­main-d’œuvre ?

Un employeur ­aurait-il vraiment avantage à investir dans le ­mieux-être financier de ses employés ? ­Très certainement ! ­La santé financière d’un employé a une incidence directe sur sa productivité. Selon une enquête du ­Conference ­Board du ­Canada, le stress financier générerait en moyenne 11 jours de perte de productivité par année par employé. Non seulement une stratégie visant le ­mieux-être financier augmentera la productivité, mais elle représentera également un moyen d’attraction, de rétention et de fidélisation des employés.

Mais qu’­est-ce que le ­mieux-être financier ? C’est le sentiment de sécurité d’avoir suffisamment d’argent pour répondre à ses besoins. Donc, pour aider ses employés, il faut tenter de trouver des moyens de réduire leur anxiété financière et de les mettre en confiance afin qu’ils se sentent en contrôle de leurs finances au quotidien et qu’ils puissent prendre des décisions financières réfléchies.

Pour l’employeur, il ne s’agit pas de régler les problèmes financiers des employés à leur place. Il s’agit d’abord de leur donner des outils de sorte qu’ils soient en mesure d’évaluer leur situation financière personnelle et d’en prendre le contrôle. Il est également primordial de les former et de les informer. Sans faire d’eux des experts en la matière, il faut leur fournir une connaissance de base sur les objectifs à atteindre pour être en bonne santé financière.

Ceci leur permettra un meilleur contrôle du volet émotionnel, ce qui les aidera à adapter leur comportement face à des situations problématiques et ainsi éviter de réagir trop, trop peu, ou pire, trop tard.

Concrètement, un employeur devra analyser la situation de sa ­main-d’œuvre, définir des objectifs mesurables et établir un plan d’action en fonction de ses capacités financières et humaines. Il n’est pas nécessaire d’investir de grosses sommes pour changer la donne. Un premier pas peut être fait en incitant les employés à établir un fonds d’urgence et en les sensibilisant à l’importance d’avoir un tel coussin de sécurité. Les employés ayant indiqué ne pas avoir de fonds d’urgence ont vu leur indice de santé mentale baisser de 23 points, ce qui est beaucoup plus que la moyenne des travailleurs. Pour d’autres, l’offre de services de planificateurs financiers ou d’autres professionnels via le programme d’aide aux employés serait ­peut-être plus appropriée. Il pourrait aussi être pertinent de revoir l’offre globale des avantages offerts aux employés, financiers ou pas, et de réallouer le même budget de manière plus optimale en accordant, par exemple, plus de flexibilité ou en investissant davantage dans des programmes d’éducation et de sensibilisation.

Peu importe la solution identifiée, un employeur devra accompagner sa stratégie de ­mieux-être financier d’un plan de communication, d’outils ainsi que de services de soutien qui aideront ses employés à prendre conscience de leur situation financière et à ajuster leurs comportements en conséquence. Les bénéfices qu’il obtiendra en retour : une assiduité accrue, une meilleure productivité et la fidélisation des employés.

L’insécurité financière est présente et a un effet incontestable sur la santé mentale des employés, et conséquemment sur la productivité des entreprises. Les employeurs doivent participer au changement et réévaluer l’ensemble de leur offre ; c’est tout à leur intérêt. Les travailleurs passent présentement par une période précaire et se disent intéressés à en savoir davantage sur la santé financière. Ils sont sensibilisés et à l’écoute. Voilà le moment d’agir !

• Ce texte a été publié dans l’édition de juin 2021 du magazine Avantages.
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