Le ­Québec ­peut-il prétendre au statut de société distincte dans le domaine de la retraite et des avantages sociaux ? ­Sur certains aspects, ­peut-être, révèlent les résultats d’un vaste sondage réalisé dans le cadre du 40e anniversaire de notre publication sœur ­Benefits ­Canada.

Au ­Québec comme ailleurs au pays, c’est la question de la hausse des coûts et rendement qui préoccupe le plus les promoteurs de régimes de retraite et d’assurance collective. Les employeurs du ­Québec semblent toutefois s’inquiéter un peu moins de cet enjeu que leurs homologues du reste du pays. En effet, 41 % des répondants canadiens ont indiqué que la gestion des coûts représentait le plus grand défi auquel leur organisation devait faire face en matière d’avantages sociaux, comparativement à 28 % des promoteurs québécois.

Des résultats qui laissent perplexe Karrina Dusablon, ­vice-présidente, ­Développement des affaires, ­Relation client et ­Expérience participant chez ­Desjardins ­Assurances. « ­Je ne pense pas que les promoteurs québécois ont une moins bonne compréhension des enjeux de coûts qu’ailleurs au pays. À mon avis, il serait préférable de comparer les entreprises en fonction de leur taille et de leur secteur d’activité plutôt qu’uniquement sur une base géographique. Si on comparait deux entreprises similaires, l’une basée au ­Québec et l’autre basée en ­Ontario, par exemple, les résultats seraient probablement assez semblables », ­avance-t-elle.

« ­Je suis d’avis que les employeurs du ­Québec sont aussi préoccupés par les coûts que ceux d’ailleurs au pays, renchérit ­Renée ­Laflamme, ­vice-présidente exécutive, ­Solutions d’assurance et d’épargne collectives à iA ­Groupe financier. Cependant, dans le cas spécifique des médicaments, les promoteurs du ­Québec ont moins de moyens pour contrôler les coûts. »

Les deux expertes émettent l’hypothèse que le nombre plus élevé de petites entreprises au ­Québec pourrait expliquer en partie le fait que la préoccupation pour la hausse des coûts y semble moins grande. « ­Les plus petites organisations ont généralement moins d’expertise ou simplement moins de ressources. Elles ont ­peut-être moins le temps de porter attention à ces enjeux, et donc d’en prendre réellement conscience », estime ­Renée ­Laflamme.

Aucun défi, vraiment?
Cela pourrait également expliquer une autre donnée étonnante mise en lumière par le sondage : le quart des promoteurs du ­Québec (24 %) considèrent n’être confrontés à aucun grand défi quant à la gestion de leurs régimes de retraite et d’avantages sociaux. Dans l’ensemble du ­Canada, cette proportion est de seulement 15 %. « ­Les promoteurs qui ont dit ne faire face à aucun grand défi ­ont-ils vraiment pris le temps d’identifier les problèmes de leurs régimes ? » se questionne ­Karrina ­Dusablon.

Elle remarque que certains promoteurs ont tendance à considérer qu’ils ne font face à aucun défi particulier lorsque leurs régimes se portent bien d’un point de vue purement administratif. « ­Mais ­ont-ils vérifié si leurs employés vont être en mesure d’atteindre leurs objectifs de retraite ? ­Si ­ceux-ci cotisent suffisamment au régime ? ­Leur réponse pourrait changer s’ils faisaient ces vérifications », ­croit-elle.

Une autre explication peut en outre être envisagée. De façon générale, les promoteurs du ­Québec semblent moins enclins à mesurer le rendement de l’argent investi dans leurs régimes, notamment en analysant les demandes de réclamations ou en sondant les employés sur leur degré de satisfaction envers leurs avantages sociaux.

Encore une fois, la représentation plus forte des entreprises de petite taille au ­Québec ne serait pas étrangère à de tels résultats. « Évidemment, les petites et les grandes organisations ne disposent pas des mêmes ressources pour procéder à une analyse approfondie de leurs régimes », fait remarquer ­Karrina ­Dusablon.

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