Une tendance claire se dessine dans le monde de la retraite et des avantages sociaux : la flexibilité. Conscients que les régimes traditionnels ne répondent plus à l’ensemble des besoins de leurs participants, les promoteurs se laissent de plus en plus séduire par des solutions plus modulaires et personnalisables. Mais c’est moins vrai au ­Québec que dans le reste du pays.

Le sondage a par exemple décelé un écart flagrant entre la proportion d’employeurs qui offrent un compte de soins de santé à leurs employés au ­Québec (14 %) et dans l’ensemble du ­Canada (42 %). Les comptes ­mieux-être et les régimes de type flexible sont également moins populaires dans la province.

Le fait que les comptes de soins de santé constituent un avantage imposable au ­Québec, contrairement à toutes les autres provinces, y est sans doute pour quelque chose, souligne ­Renée Laflamme. « ­Les promoteurs ont également moins de leviers pour gérer le coût des médicaments au ­Québec. Il leur reste donc moins d’argent à verser dans des comptes de soins de santé », ­ajoute-t-elle.

Les employeurs québécois ­ont-ils une conception plus traditionnelle des avantages sociaux que leurs homologues du reste du pays ? ­Difficile à dire, mais le sondage montre que les promoteurs basés au ­Québec sont beaucoup moins nombreux à croire que les régimes de l’avenir seront davantage axés sur la modularité et la sélection d’options personnalisées.

« ­Au ­Québec, nous sommes ­peut-être un peu plus traditionalistes dans notre approche, mais on commence à voir du changement, surtout dans les entreprises plus innovantes qui embauchent beaucoup de Y, mentionne ­Karrina ­Dusablon. On parle de plus en plus du concept de santé financière globale, de flexibilité et de régimes dans lesquels le participant peut choisir où il veut mettre son argent. »

Des changements difficiles à négocier
Un autre facteur à ne pas négliger quand il est question d’avantages sociaux est le taux de syndicalisation plus élevé de la société québécoise. Cette particularité du marché du travail pourrait notamment expliquer l’évolution plus lente vers les régimes flexibles, mais aussi le fait que les promoteurs du ­Québec sont moins nombreux à avoir révisé en profondeur leurs programmes de retraite et de soins de santé dans les dernières années.

Alors que 48 % des promoteurs canadiens ont apporté des modifications importantes à leurs régimes au cours de la dernière décennie, seulement 39 % des promoteurs québécois ont fait de même. « ­Faire des changements majeurs dans un régime de retraite ou d’assurance collective est un exercice plus laborieux dans un environnement syndiqué. Surtout lorsque les réformes effectuées sont plus restrictives », rappelle ­Renée ­Laflamme.

Elle ajoute que les régimes de soins de santé au ­Québec ont moins d’options pour contrôler la hausse des coûts futurs. « ­Les promoteurs ont davantage les mains liées au ­Québec », ­dit-elle.

Mêmes enjeux, même direction
Selon les deux spécialistes consultées, les régimes de retraite et d’avantages sociaux ont, de manière générale, évolué dans la même direction au ­Québec et dans les autres provinces au cours des 40 dernières années. Et rien n’indique que cela changera dans l’avenir.

« L’évolution est ­peut-être légèrement plus lente au ­Québec, mais ce qui est certain, c’est que les conversations ont changé partout, indique ­Karrina ­Dusablon. Les régimes à cotisation déterminée sont maintenant au cœur des préoccupations ; et la tendance vers le ­bien-être global, qui inclut à la fois la santé financière, physique et psychologique, est de plus en plus marquée. »

« ­Le ­Québec ­est-il en retard ? ­Je ne penserais pas, soutient ­Renée ­Laflamme. Les grands défis des régimes de retraite et d’avantages sociaux sont les mêmes d’un bout à l’autre du pays : le coût des médicaments, la gestion de l’invalidité, le manque d’épargne des participants, la gestion de la longévité et des taux d’intérêt… ­Il y a fort à parier que les régimes évolueront dans la même direction au ­Québec et dans l’ensemble du ­Canada. »

Pour lire le reportage de ­Benefits ­Canada sur l’ensemble des résultats, c’est par ici. Nos remerciements à ­Desjardins ­Assurances et iA ­Groupe financier pour avoir commandité ce projet de recherche.

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