Bien que les aspects financiers représentent une considération importante lors de la planification de la retraite, ­ceux-ci sont loin d’être le seul facteur en jeu. Il est d’ailleurs intéressant de constater que, malgré le temps et la réflexion considérables alloués à l’­épargne-retraite, un temps moindre est souvent consacré à la planification de ce que sera la vie quotidienne après avoir arrêté de travailler.

Où ­vivra-t-on ? ­Comment ­remplira-t-on ses journées ? ­Et avec qui ? ­Voilà quelques exemples de réflexions importantes lors de la planification de la retraite. Certains avancent même que de définir le « où » et le « quoi » de la retraite est plus important que tout autre aspect de sa stratégie.

En surface, cet aspect peut sembler plus simple à gérer que ce qu’il en est réellement. C’est possiblement pourquoi si peu de personnes y consacrent le temps nécessaire. Les ­Canadiens planifient généralement cet élément un ou deux ans avant de prendre leur retraite, et certains ne le planifient qu’après la fin de leur carrière. Avoir un plan pour la retraite est important, mais avoir un plan B l’est tout autant.

Prenons l’exemple de mes amis qui, ayant pris leur retraite, ont décidé de vendre leur maison en ville pour habiter leur chalet de façon permanente. Objectif : revenir à la nature et sortir du chaos de la vie urbaine. Ce plan fut parfait pendant les premiers mois, jusqu’à ce qu’ils réalisent que leurs amis et leur famille habitaient tous en ville. Les humains sont des êtres sociaux et, de ce fait, aiment être entourés de leurs proches.

Par contre, choisir où vivre va ­au-delà de simplement être près des gens. D’autres amis, au moment de prendre leur retraite, n’avaient pas de désir de voyager. Par conséquent, leur maison située à trois heures de l’aéroport leur convenait parfaitement. Mais après un certain temps, leur fille a déménagé pour travailler et s’établir à l’étranger, ce qui rendait problématique l’emplacement de la résidence. Ils ont fini par déménager afin de simplifier les déplacements. Mais ceci a signifié une dépense imprévue.

Une considération majeure est la santé. Selon l’Indice ­Manuvie 2016 sur le ­bien-être financier, seulement 11 % des ­Canadiens en mauvaise santé financière se sentent protégés en cas d’imprévu (décès, invalidité et maladie grave). Il y a quelques années, ma mère est tombée malade. Même si elle est aujourd’hui complètement rétablie, la menace d’un autre problème de santé est toujours présente.

Mes parents ont planifié une retraite en campagne de façon permanente, avec quelques mois par année à l’extérieur du pays durant la saison hivernale. L’un des défis auxquels ils font face est le coût d’une assurance maladie pour que ma mère puisse voyager en ­Floride. De plus, certains spécialistes en santé sont plus difficiles à trouver en région. Ainsi, mes parents se voient contraints de revenir en ville de façon régulière pour des ­rendez-vous. Il est fort possible qu’un jour, lorsque leur état de santé changera, le retour définitif en ville s’impose.

Prévoir comment combler son temps constitue un autre élément essentiel à une bonne planification de la retraite. Soyons réaliste, on ne jouera pas au golf tout le temps ! ­Après discussion avec son employeur, une proche a accepté la retraite anticipée avec l’intention de travailler comme consultante. Cependant, un changement administratif inattendu a métamorphosé les choses, et les contrats promis ne se sont jamais concrétisés. La personne est tombée dans une dépression car une grande partie de son identité, qu’elle n’était pas prête à mettre de côté, était encore reliée à son travail.

En fait, des études ont montré qu’un ­Canadien âgé d’au moins 65 ans sur quatre souffre de dépression et d’autres problèmes de santé mentale.

Que ­fera-t-on si soudainement on ne peut plus prendre plaisir aux activités préférées, ou entreprendre les voyages de rêve ? ­Avoir une réponse à ce genre de questions peut aider à gérer le stress lors de la retraite et améliorer considérablement la qualité de vie des retraités. La retraite peut et devrait être une expérience positive pour ceux qui mettent le temps et les efforts nécessaires afin d’en faire un moment bénéfique pour leur ­bien-être. Un peu de planification et de réflexion, ­au-delà du plan d’épargne, peut grandement contribuer à son succès.

Marc ­Bellefeuille est conseiller en placement à ­Gestion privée ­Manuvie.