Les tiers des participants de régimes de retraite au Royaume-Uni préféreraient que leur régime retire tous ses investissements des sociétés qui ne versent pas à leurs employés un salaire décent, selon un sondage de la firme britannique PensionBee.

Par ailleurs, 83 % des épargnants disent s’attendre à ce que les entreprises dans lesquelles ils investissent versent à leurs employés un salaire suffisant pour subvenir à leurs besoins quotidiens, rapporte Pensions Age.

Seulement 16 % des personnes interrogées ne voient pas de problème à continuer d’investir dans des entreprises qui offrent des salaires extrêmement bas, du moment qu’elles continuent d’obtenir de bons rendements.

Le traitement des employés constitue la principale préoccupation des épargnants britanniques quand vient le temps d’investir dans une société, devant l’évasion fiscale et la mauvaise gestion du risque climatique.

Au Royaume-Uni, le salaire de subsistance est fixé à 9,50 livres par heure (16 $ CA). Or, PensionBee indique que seulement 43 entreprises parmi celles du FTSE 100, l’indice phare de la Bourse de Londres, offrent ce salaire à l’ensemble de leurs employés, y compris les sous-traitants.

« Les épargnants reconnaissent à la fois l’énorme impact négatif sur la société que représentent les salaires très bas et le risque pour la rentabilité à long terme de ces entreprises. Les résultats de cette enquête devraient servir de signal d’alarme pour les entreprises qui refusent de verser des salaires reflétant le coût réel de la vie », soutient Clare Reilly, responsable de l’engagement à PensionBee.

Les sables bitumineux sous pression

Si les petits épargnants se soucient de plus en plus des conditions de travail des employés, les grands investisseurs institutionnels ont déjà bien entamé leur processus de désinvestissement des énergies fossiles.

Le troisième plus important régime de retraite des États-Unis, le New York state pensions fund, a annoncé qu’il allait vendre sa participation dans sept producteurs canadiens de sables bitumineux pour une valeur de plus de 7 M$. Selon CBC, les entreprises concernées sont Imperial Oil, Canadian Natural Resources, Cenovus, Husky Energy, MEG Energy Corporation, Athabasca Oil Corporation et Japan Petroleum Exploration.

Suncor ne figure toutefois pas sur cette liste. Le contrôleur de l’État de New York, Thomas DiNapoli, explique que les sociétés larguées par le régime de retraite sont celles qui n’ont pas de plan viable pour s’adapter à un futur « faible en carbone ».

« Alors que les nations du monde entier prennent de plus en plus au sérieux la menace du changement climatique, et que les forces du marché entraînent une transition économique à faible émission de carbone, nous devons nous assurer que nos investissements sont en phase avec cette réalité, a-t-il déclaré. Les entreprises responsables d’importantes émissions de gaz à effet de serre comme celles de cette industrie [des sables bitumineux] présentent des risques importants pour les investisseurs. »

En décembre dernier, le New York state pensions fund avait annoncé qu’il allait vendre l’ensemble de ses actifs investis dans l’industrie des énergies fossiles d’ici 2040.