Les grands investisseurs institutionnels canadiens ont apporté quelques changements importants à leurs portefeuilles au premier trimestre, alors que les marchés plongeaient en réaction à la pandémie de COVID-19.

La Caisse de dépôt et placement du Québec et le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario (Teachers) ont profité du déclin boursier pour renforcer leurs positions dans leurs principaux investissements, rapporte le Financial Post.

Ainsi, la Caisse a acheté un nombre important de nouvelles actions de Berkshire Hathaway et de Johnson & Johnson. Teachers a de son côté augmenté sa participation dans Alibaba Group Holding, Lyft et BlackBerry, trois sociétés qui figurent dans le top 10 des plus gros investissements de la caisse de retraite.

Les deux investisseurs institutionnels ont toutefois enregistré des pertes majeures au premier trimestre pour les titres auxquels ils sont particulièrement exposés. La Caisse a notamment vu ses investissements dans les grandes banques canadiennes fondre entre le 1er janvier et le 31 mars dernier. Alors que ses 12 millions d’actions de RBC représentaient un milliard de dollars US à la fin de 2019, elles ne valaient plus que 777 M$ US à la fin du premier trimestre. Les 17 millions d’actions qu’elle détient de la Banque Scotia ont pour leur part perdu plus de 25 % de leur valeur.

Pour Teachers, le trimestre a été particulièrement difficile dans le secteur immobilier. La participation du régime ontarien dans Macerich, un fonds d’investissement immobilier américain qui investit dans les centres commerciaux, a reculé de 495 M$ US, alors qu’elle atteignait 636 M$ US trois mois plus tôt. Teachers a également vu ses investissements dans la société de services immobiliers Wakefield PLC passer de 299 M$ US à 171 M$ US. À noter que l’investisseur institutionnel n’a vendu aucune de ses positions dans ces deux sociétés.

Stratégie différente dans l’Ouest

Les deux plus grands gestionnaires de fonds de retraite de l’ouest du pays, la British Columbia Investment Management Corporation (BCI) et l’Alberta Investment Management Corporation (AIMCo) ont adopté une approche très différente : ils ont choisi de vendre une partie de leurs principales positions.

BCI a fait un grand ménage de ses titres financiers en se départissant par exemple de plus de 85 % de ses actions de Berkshire Hathaway et Citigroup, et de plus de 70 % de ses actions de Goldman Sachs et Wells Fargo.

En décembre dernier, BCI détenait également 675 145 actions de Boeing, pour une valeur totale de 219 M$ US. Au 31 mars, elle n’en détenait plus que 58 555, d’une valeur de 8,7 M$ US, ce qui suggère que le gestionnaire de caisse de retraite a épongé d’importantes pertes en liquidant sa position dans le fabricant d’avions au premier trimestre.

AIMCo a pour sa part réduit son exposition dans plusieurs de ses gros investissements, notamment dans RBC (vente de 19 % des titres) et dans CIBC (vente de 68 % des titres). La caisse de retraite albertaine a également diminué sa participation dans Manuvie, TD, Enbridge et le Canadien Pacifique.

Elle a cependant augmenté de 148 % sa participation dans Shopify, le titre canadien qui a le mieux performé depuis le début de la crise, et doublé son exposition à la société aurifère Franco-Nevada.

Tous les trimestres, les grands détenteurs d’actifs doivent divulguer les titres de sociétés américaines qu’ils détiennent à la Securities and Exchange Commission, l’organisme de réglementation des valeurs mobilières aux États-Unis.