L’Office d’investissement du Régime de pensions du Canada (OIRPC) souhaite la dissolution de la structure d’actions à deux catégories de Bombardier, rapporte le Globe and Mail.

À la veille de l’assemblée annuelle des actionnaires de l’entreprise, le plus grand gestionnaire d’actifs de caisses de retraite au pays a manifesté son intention d’appuyer la proposition du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) d’éliminer les actions multivotantes de Bombardier.

Plus précisément, les proches et les descendants du fondateur de la société, Joseph-Armand Bombardier, détiennent des actions d’une classe spéciale leur octroyant 10 voix par actions détenue. Ils contrôlent donc la société avec 50,9 % des droits de vote, alors qu’ils ne détiennent que 12,2 % du capital. Ce système est en place depuis 1980.

L’OIRPC fait partie des 25 plus grands actionnaires de Bombardier, ce qui place la société dans une position délicate. L’investisseur institutionnel n’a pas fourni d’explication précise pour expliquer sa décision concernant Bombardier, mais dans sa politique de droit de votes, on peut lire que l’OIRPC soutient la dissolution des structures d’actions à deux catégories existantes si cela est dans le meilleur intérêt à long terme de l’entreprise.

« Un argument souvent mis de l’avant pour conserver les structures d’actions à deux catégories est qu’elles assurent davantage de stabilité, de continuité dans la propriété et de meilleures perspectives à long terme. Nous sommes en désaccord avec cet argument », peut-on lire. L’OIRPC estime au contraire qu’un tel système est contraire aux bonnes pratiques de gouvernance, car il protège la direction des pressions exercées par les actionnaires en faveur du changement.

L’OIRPC et le MÉDAC ne sont pas les seuls actionnaires à être irrités par les actions multivotantes. La British Columbia Investment Management Corporation (BCI), le régime de retraite des enseignants de la Californie (CalSTRS) et la Florida State Board of Administration sont aussi en faveur de la suppression de ces actions, de même que les firmes de consultant en gestion des droits de vote Glass Lewis et Institutional Shareholder Services.

Bombardier n’a de son côté aucune intention de réviser sa structure d’actions, arguant que celle actuellement en place comporte de nombreux bénéfices et permet d’assurer que le siège social de la société demeure au Canada.

Le MÉDAC s’attend à ce que sa proposition soit défaite en raison de l’opposition de la famille Beaudoin-Bombardier, mais il estime qu’obtenir le soutien de grands investisseurs institutionnels va envoyer un message « très significatif » aux dirigeants de Bombardier.

En entrevue à La Presse canadienne, l’expert en gouvernance et professeur à l’Université Concordia Michel Magnan ne s’est pas montré surpris des orientations des caisses de retraite.

« Elles vont voter pour l’abolition de cette structure dans le cas spécifique de Bombardier parce que si cela se produisait, la compagnie pourrait devenir une cible potentielle pour une acquisition, a-t-il dit. Le titre pourrait grimper en raison de la spéculation. Elles ont aussi un intérêt financier. »