Les onze plus importants gestionnaires de fonds de retraite au Canada devraient sortir de la crise de la COVID-19 sans trop de dommages, estime l’agence de notation Fitch dans un récent rapport.

Fitch explique son optimisme par l’horizon de placement à long terme des caisses de retraite, leur capacité à ajuster leurs taux de cotisation et la « nature captive » de leurs entrées de fonds. L’agence souligne également les « forces structurelles » du modèle de régimes de retraite canadien. Ainsi, elle maintient sa cote AAA avec perspectives stables accordée à la Caisse de dépôt et placement du Québec et à OMERS.

Les évaluations et les rendements à court terme subiront néanmoins les effets du ralentissement économique engendré par la pandémie de COVID-19.

Le rapport prend note de la tendance vers l’exposition accrue aux actifs privés, y compris le crédit privé, les placements privés, l’immobilier et les infrastructures. En plus d’obtenir une prime d’illiquidité en investissant dans ces actifs, les caisses de retraite bénéficient d’une protection contre l’inflation dans le cas de l’immobilier et des infrastructures.

L’agence de notation prévient toutefois que les actifs privés, bien qu’ils conduisent à des rendements potentiellement plus élevés, peuvent également mener à une surexposition à certaines entreprises ou à certains sous-secteurs s’ils ne sont pas gérés avec soin.

Impact limité de la chute du prix du pétrole

Autre bon point pour les grands investisseurs institutionnels canadiens : ils n’ont pas une exposition démesurée au secteur de l’énergie, estime Fitch. Selon les données qu’a pu compiler l’agence, les deux régimes ayant la plus grande exposition à ce secteur particulièrement malmené par la crise économique actuelle sont l’Alberta Investment Management Corporation et OMERS, mais seulement 5 % de leur actif total était constitué de titres de sociétés énergétiques à la fin de 2019.

La chute du prix du pétrole pourrait toutefois avoir des répercussions sur l’ensemble des actions et des obligations canadiennes, prévient Fitch, considérant l’importance de ce secteur pour l’économie du pays.

Du côté de l’immobilier, l’agence note l’exposition diversifiée aux différents types de propriétés, mais pointe l’exposition supérieure à la moyenne qu’on certains régimes dans les hôtels et les immeubles liés au commerce de détail, des actifs plus touchés par la crise du coronavirus.

Liquidité « exceptionnellement élevée »

Fitch juge que les grands gestionnaires de fonds de retraite canadiens ont la capacité de tirer profit de la dislocation du marché et des évaluations plus basses pour stimuler leurs rendements futurs. Cependant, l’environnement d’investissement de plus en plus concurrentiel risque de compliquer l’identification d’investissements potentiellement attrayants.

L’agence de notation souligne également le niveau de liquidité « exceptionnellement élevé » des grands régimes de retraite canadiens, un niveau suffisant pour rembourser l’ensemble de leurs dettes, saisir les opportunités d’investissement lorsque celles-ci se présentent, rééquilibrer leurs portefeuilles, si nécessaire, et répondre aux appels de marge.

Finalement, Fitch souligne l’utilisation relativement faible de l’effet de levier par les grands investisseurs institutionnels canadiens. Avec un levier inférieur à 0,10x, ceux-ci se trouvent en bas de la fourchette de référence de Fitch pour les sociétés d’investissement, qui se situe plutôt à 0,15x.

À elles seules, les 11 plus grandes caisses de retraite canadiennes géraient un actif net de 1 700 G$ à la fin de 2019.