L’année 2018 aura été particulièrement pénible pour les marchés boursiers. Pourtant, les grands investisseurs institutionnels canadiens ont traversé la tempête sans trop y laisser de plumes. Doit-on y voir une démonstration de la grande résilience de leurs stratégies de diversification à l’extérieur des marchés publics?

La Caisse de dépôt et placement du Québec a su faire croître son actif de 4,2 % dans un contexte pourtant très défavorable. OMERS, qui a annoncé ses résultats lundi, a pour sa part enregistré un rendement global de 2,3 % pour l’année 2018. L’Office d’investissement du régime de pension du Canada (OIRPC), dont les résultats annuels sont attendus plus tard cette année, a déclaré un rendement positif de 1,1 % pour le catastrophique dernier trimestre de 2018.

Dans les trois cas, ces géants canadiens ont échappé aux pertes qu’ont dû éponger la plupart des grandes caisses de retraite privés canadiennes. Selon RBC, celles-ci ont terminé l’année 2018 en territoire négatif, avec un rendement moyen de -0,7 %.

Rendements dans les deux chiffres

Comment la Caisse, OMERS et l’OIRPC sont-ils parvenus à garder la tête hors de l’eau? Les excellents rendements obtenus sur les placement privés et les actifs réels ont surpassé les pertes accusées sur les marchés boursiers.

À la Caisse, le portefeuille Placements privés a progressé de 16,6 %, le portefeuille immobilier de 7,8 % et le portefeuille infrastructure de 11,2 %. Ces catégories d’actifs ont aussi été salutaires pour OMERS : elles ont généré des rendements de 13,5 %, 8,7 % et 10,6 % respectivement. Ces placements représentent environ le tiers de l’actif total de la Caisse, et près de la moitié de celui d’OMERS.

À titre comparatif, l’indice S&P/TSX a reculé de 11,6 % l’année dernière, alors que l’indice S&P 500 a perdu 4,4 %. Ces rendements négatifs ont fortement ébranlé les grandes caisses de retraite privées, beaucoup plus exposées aux marchés liquides que les investisseurs institutionnels publics.

« En 2018, notre stratégie d’investissement a été mise à l’épreuve. Pour la première fois depuis plusieurs années, les marchés boursiers mondiaux ont terminé en territoire négatif. Notre objectif de construire un portefeuille robuste et résilient pour bien performer dans de tels marchés a été atteint. La valeur ajoutée importante créée cette année et sur cinq ans démontre l’efficacité de ce que nous avons mis en place », a indiqué le président et chef de la direction de la Caisse Michael Sabia.

Malgré le fait qu’il ait apparemment permis de constituer des portefeuilles plus résilients en période de turbulence, l’engouement pour les marchés privés suscite aussi des inquiétudes. Plus tôt cette année, le président et chef de la direction de l’OIRPC, Mark Machin, a déclaré que le transfert massif d’actifs des marchés publics vers des catégories de placements qui ne peuvent être vendues facilement ou rapidement pourrait entraîner un manque de liquidité. Malgré tout, l’OIRPC entend bien garder le cap et augmenter son exposition aux marchés privés au cours des prochaines années.