La ruée des grandes caisses de retraite vers le marché privé inquiète l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC), qui y voit un amplificateur potentiel de la prochaine crise financière.

Le transfert massif d’actifs des marchés publics vers des catégories de placement qui ne peuvent être vendues facilement ou rapidement pourrait entraîner un manque de liquidité, a expliqué à Bloomberg Mark Machin, président et chef de la direction de l’OIRPC.

« S’il devait se produire une dislocation soudaine et profonde sur les marchés, les gestionnaires de caisses de retraite devront vendre rapidement la part de leur actif investie sur les marchés publics. Les investisseurs qui détiennent de nombreux actifs privés devront réfléchir très attentivement à ce qu’ils vont faire si une telle situation se produisait », affirme-t-il.

Mark Machin trace même un parallèle avec la soudaine vague de défauts de paiement des prêts hypothécaires à haut risque (subprimes) qui a mené à la crise de 2008.

Une opinion à contre-courant

La position du dirigeant du plus grand investisseur institutionnel au pays peut surprendre, alors que la tendance de délaisser les marchés boursiers et obligataires traditionnels au profit des marchés privés et des actifs réels est solidement ancrée chez les caisses de retraite.

Plus tôt ce mois-ci, une étude de BlackRock révélait que 54 % des investisseurs institutionnels à l’échelle mondiale avaient l’intention d’augmenter leur répartition en actifs réels, et 47 % en placements privés. Les marchés publics, eux, n’ont plus la cote : 41 % des répondants ont indiqué que leur plus grande priorité en 2019 serait de réduire leur exposition aux catégories d’actifs traditionnelles.

Étonnamment, dans la même entrevue, Mark Machin a déclaré que l’OIRPC allait augmenter son exposition aux marchés privés au cours des prochaines années afin de diminuer sa répartition en actions. Il a affirmé qu’une telle stratégie permettrait de construire un portefeuille plus stable en mesure de résister aux fluctuations des prix des actifs au fil du temps.