L’une des plus grandes caisses de retraite du Royaume-Uni a lancé un ultimatum aux gestionnaires d’actif à qui elle confie des mandats : si d’ici deux ans ils ne parviennent pas à réduire considérablement l’empreinte environnementale de leurs portefeuilles, ils seront renvoyés.

L’annonce est loin d’être anodine. Le Brunel Pension Partnership gère 30 milliards de livres d’actif (environ 51 G$ CAN) pour le compte de 700 000 participants travaillant pour une dizaine d’employeurs du secteur public britannique. Il confie des mandats de gestion à pas moins de 130 gestionnaires de fonds.

Le régime ajoute qu’il se fera aussi entendre dans les assemblées d’actionnaires des sociétés en portefeuille qui ne seront pas en mesure de démontrer des progrès significatifs en matière de gestion des risques climatiques d’ici 2022. Si aucune amélioration n’est constatée, Brunel retirera ses investissements dans ces entreprises, rapporte le Financial Times.

« Les changements climatiques constituent un problème majeur pour les investisseurs, et ce problème s’aggrave rapidement, soutient Mark Mansley, chef des investissements à Brunel Pension Partnership. Nous avons constaté que le secteur financier fait partie du problème, alors qu’il pourrait faire partie de la solution. La manière dont l’industrie évalue les actifs, gère les risques et évalue la performance des placements doit être remise en question. »

Les caisses de retraite sous pression

L’ultimatum lancé aux gestionnaires fait partie d’une nouvelle politique climatique dévoilée lundi par Brunel Pension Partnership, qui gère entre autres les fonds de retraite des employés de l’Environment Agency du gouvernement du Royaume-Uni.

L’annonce de la caisse de retraite survient alors que les leaders politiques et économiques rassemblés la semaine dernière au Forum économique mondial de Davos ont identifié les changements climatiques comme le principal risque pour l’économie mondiale.

« Tous les propriétaires d’actifs devraient examiner les votes de leurs gestionnaires sur les questions climatiques et donner des mandats à des gestionnaires d’actifs plus intelligents et plus responsables. Nous nous attendons à ce que cela devienne la nouvelle norme », affirme Lauren Peacock, directrice de campagne pour le groupe de pression ShareAction, qui fait la promotion de l’investissement responsable.

Les grands investisseurs institutionnels sont de plus en plus sensibles à l’empreinte carbone de leurs portefeuilles. L’année dernière, l’organisme qui gère l’actif de plus de 1 500 G$ US du système de retraite japonais a mis fin à un important mandat de gestion avec BlackRock, jugeant que le gestionnaire américain ne faisait pas suffisamment d’efforts pour intégrer les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) à ses portefeuilles. BlackRock a annoncé au début du mois qu’elle placerait désormais les changements climatiques au cœur de ses décisions d’investissement.