Moins de la moitié des grands régimes de retraite à l’échelle mondiale consacrent une partie de leur portefeuille en gestion passive aux fonds liés à la lutte aux changements climatique, rapporte le Financial Times.

Plus précisément, 56 % des 131 régimes de retraite dans 20 pays sondés par la firme Create Research ont déclaré détenir des fonds passifs liés au climat. Les régimes participants possèdent des actifs combinés de 2,3 billions d’euros (3,5 billions de dollars canadiens).

Par ailleurs, seulement un quart d’entre eux ont une répartition jugée significative de 15 % dans des fonds indiciels liés au climat. « L’adoption de fonds passifs directement liés aux changements climatiques a été nettement plus lente », souligne Amin Rajan, chef de la direction de Create Research.

Il faut dire que l’adaptation des portefeuilles à la réalité des changements climatiques demeure complexe pour de nombreux investisseurs institutionnels. Les modèles de risque utilisés ont du mal à anticiper certaines catastrophes comme les incendies qui ont ravagé de grands territoires de l’Australie et de la Californie.

Le manque de données solides crée un obstacle majeur à l’adoption de fonds passifs liés au climat. Puisque la plupart des données disponibles sur l’empreinte carbone des entreprises sont autodéclarées et ne font l’objet d’aucun audit indépendant, elles sont considérées comme peu fiables par les investisseurs institutionnels. L’absence de normes universelles alimenterait même le phénomène d’écoblanchiment (greenwashing).

Les gestionnaires passifs ont le fardeau de la preuve

L’intérêt croissant pour les questions environnementales a poussé les caisses de retraite à examiner de plus près le processus de gestion des votes des gestionnaires actifs à qui ils confient des mandats. Mais le fardeau de la preuve se déplace maintenant du côté des gestionnaires de fonds passifs. « Nous attendons des gestionnaires qu’ils exercent un rôle militant en s’engageant régulièrement auprès des entreprises en portefeuille », a déclaré un gestionnaire de caisse de retraite américain qui a participé au sondage.

Un grand nombre de répondants disent également délaisser les gestionnaires de fonds passifs, car « ils sont paresseux, se concentrent uniquement sur les rendements financiers et suivent aveuglément les recommandations des conseils d’administration des entreprises quand vient le temps d’exercer leur droit de vote ».

Malgré tout, les deux tiers des régimes de retraite prévoient d’augmenter leur exposition aux fonds passifs liés au climat au cours des trois prochaines années.

« Les données environnementales s’améliorent et les évaluations climatiques sont de plus en plus intégrées dans les processus d’investissement. Nous constatons un afflux constant, même pendant la crise du coronavirus. Il y a beaucoup d’actifs qui se déplacent vers les fonds passifs liés au climat », affirme Simon Klein, responsable des ventes de fonds passifs, Europe et l’Asie-Pacifique, pour le gestionnaire de fonds allemand DWS.