La structure de financement innovante adoptée par la Banque de l’infrastructure du Canada (BIC) avec ses partenaires publics, privés et institutionnels permettra d’éviter de répéter les erreurs du passé dans la gestion des grands projets d’infrastructure au pays, affirme son président-directeur général, Pierre Lavallée.

Devant les membres du Cercle canadien de Montréal, lundi, il a présenté le modèle d’affaires de la société de la Couronne créée en 2017, un modèle que M. Lavallée qualifie « d’unique au monde ».

L’approche traditionnelle pour financer les projets d’infrastructure se résume la plupart du temps à des fonds gouvernementaux et des subventions, explique-t-il. « Avec une telle structure de financement, les projets sont très long à compléter, et sont rapidement délaissés après leur construction. Les infrastructures se dégradent donc rapidement. »

La structure de financement de la BIC consiste plutôt à rassembler des capitaux publics, privés et institutionnels, et à amener ces différents acteurs, dont les intérêts ne sont pas toujours parfaitement alignés, à travailler ensemble. « Nous favorisons un modèle de durabilité grâce à un engagement à long terme des investisseurs », dit-il.

Jusqu’à maintenant, la BIC a pris des engagement totaux de 3,6 milliards de dollars dans neuf projets d’infrastructure au Canada. Trois de ces projets sont situés au Québec : le Réseau express métropolitain à Montréal (engagement de 1,28 G$), le terminal portuaire de Contrecoeur du Port de Montréal (engagement jusqu’à 300 M$), et le projet de train à grande fréquence de VIA Rail dans le corridor Toronto-Ottawa-Montréal-Québec (engagement de 55 M$).

De nouveaux projets s’ajouteront à la liste au cours des prochaines années, puisque la BIC détient actuellement plus de 31 G$ qui attendent d’être déployés. La société a ciblé quatre secteurs prioritaires pour ses investissements : les infrastructures vertes, le transport collectif, le commerce et le transport, ainsi que l’internet haut débit.

Une dose de courage

La création de la BIC vient d’une part de la nécessité de trouver du financement pour la construction de projets d’infrastructure au pays, et d’autre part d’une demande grandissante pour les investissements en infrastructures provenant des grands détenteurs d’actif, principalement les caisses de retraite.

Ces dernières adoptent traditionnellement une approche plus prudente en s’engageant dans des projets matures ou déjà opérationnels. Le mandat de la BIC est tout autre, puisque les capitaux mobilisés servent à financer la construction de nouveaux projets.

« C’est une nouvelle formule sur le marché. Il faut du courage pour investir dans des nouveaux projets d’infrastructure comme l’a fait la Caisse de dépôt et placement du Québec avec le REM », soutient Pierre Lavallée.

Les considérations environnementales sont au cœur des activités de la BIC, poursuit-il. Ainsi, outre des projets de transport collectif, la société dont le siège est situé à Toronto est impliquée dans des projets d’hydroélectricité dans les Territoires du Nord-Ouest et d’énergie éolienne en Nouvelle-Écosse, entre autres.

La BIC a aussi signé un protocole d’entente avec la Lulu Island Energy Compagny, une corporation municipale propriété de la Ville de Richmond en Colombie-Britannique, qui consiste à mettre en place et exploiter des réseaux énergétiques régionaux basés sur la géothermie. Une technologie de récupération de chaleur des égouts permet ainsi de chauffer et climatiser des immeubles résidentiels et commerciaux. La superficie actuelle couverte par le réseau atteint 3,6 millions de pieds carrés, mais la Ville de Richmond voudrait la faire graduellement passer à 50 millions de pieds carrés.

« C’est le genre de projet qui est difficile à financer pour le secteur privé, car il s’échelonne sur une très longue période de temps, mentionne M. Lavallée. Nous, on a la patience. »