Équipe d'affaires discute des investissements
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Voilà déjà plusieurs années que les régimes de retraite et autres investisseurs institutionnels se détournent des fonds de couverture, et rien n’indique que la situation va bientôt se renverser.

Consternés par les frais élevés et les rendements décevants, les grands investisseurs ont été nombreux à réduire la place occupée par ces instruments financiers au sein de leurs portefeuilles. En 2014, le régime de retraite des employés de la Californie, CalPERS, annonçait son intention de cesser d’investir dans les fonds de couverture. L’année suivante, le deuxième plus grand régime de retraite néerlandais, le PFZW, a déclaré qu’il avait presque éliminé ses position dans de tels fonds.

Plus récemment, le fonds de dotation de l’Université de Washington à St-Louis s’est débarrassé de la majorité de son portefeuille de fonds de couverture, a expliqué le directeur des investissements du fonds, Scott Wilson, au Financial Times. « Nous ne voulons pas détenir une catégorie d’actif simplement pour dire que nous l’avons en portefeuille, dit-il. Ce n’est pas que tous les fonds de couverture soient mauvais, mais il faut être très prudent dans le processus de sélection. »

Certains régimes de retraite d’administrations locales du Royaume-Uni ont aussi mis les freins sur les investissements dans les fonds de couverture. Le West Yorkshire Pension Fund et le Hampshire Pension Fund ont par exemple abandonné ces fonds et redéployé leur actif dans des mandats de dette privée.

Une décennie de rendements décevants

La tendance est assez généralisée. Les investisseurs ont retiré 43 G$ US des fonds de couverture l’année dernière, leur deuxième retrait le plus élevé depuis 2009. Selon une récente étude d’EY, les fonds de couverture ne représentaient plus que 33 % de la répartition en actifs non traditionnels des investisseurs institutionnels à l’échelle mondiale en 2018, comparativement à 40 % un an plus tôt.

Or, les portefeuilles institutionnels sont le pain et le beurre des fonds de couverture, particulièrement depuis la crise de 2008, alors que de nombreuses banques privées et investisseurs fortunés ont quitté le bateau. En 2015, 71 % de l’actif total de fonds de couverture était détenu par les régimes de retraite, les fonds de dotation et les compagnies d’assurance. Aujourd’hui, cette proportion est passée à 67 %.

Outre les frais élevés et le manque de transparence que déplorent certains investisseurs, les fonds de couverture ont perdu de leur lustre en raison des rendements décevants enregistrés au cours de la dernière décennie. Ils ont sous-performé l’indice S&P 500 chaque année depuis 2009, autant dans les marchés haussiers que baissiers. La très bonne tenue des marchés boursiers depuis la crise financière a aussi encouragé les investisseurs à troquer les fonds de couverture pour les fonds indiciels, moins chers.

L’appétit de plus en plus grand pour les actifs non liquides, comme le capital-investissement et la dette privée, peut également expliquer les déboires de l’industrie des fonds de couverture.