Le gouvernement et les gestionnaires de fonds de placements privés britanniques examinent la possibilité d’ajuster leur structure de frais de gestion afin de rendre leurs produits plus attrayants aux yeux des régimes de retraite à cotisation déterminée (CD).

Il s’agit d’une proposition avancée dans le cadre d’une consultation gouvernementale, rapporte Bloomberg. En réduisant leurs frais de gestion d’environ 2 %, les firmes de placements privés pourraient attirer davantage de régimes CD, encore réfractaires à cette catégorie d’actif en raison de ses coûts élevés, peut-on lire dans le document de consultation publié par le ministère du Travail et des Pensions.

En retour, les gestionnaires pourraient avoir davantage de flexibilité en ce qui concerne les primes liées à la performance.

Le gouvernement du Royaume-Uni fait pression depuis plusieurs années sur l’industrie pour que davantage d’épargne-retraite soit investie dans les infrastructures, le logement abordable et les entreprises technologiques à croissance rapide, entre autres.

Une telle réduction des frais de gestion ouvrirait la voie à des investissements beaucoup plus massifs des régimes CD dans les placements privés, alors que l’actif sous gestion de ces régimes a augmenté de 45 % entre 2015 et 2020, pour atteindre 471 milliards de livres (environ 800 G$ CAN).

Intégration dans les fonds à date cible

Les discussions semblent pointer vers une intégration d’actifs privés dans les fonds à date cible, qui sont aujourd’hui la norme dans les régimes CD. Le problème, c’est qu’au Royaume-Uni, les frais de gestion de ces fonds sont plafonnés à 0,75 %. La consultation vise notamment à déterminer si une prime de performance pourrait être facturée par les gestionnaires d’actifs privés en plus des frais de gestion de base.

Certaines entreprises ont déjà manifesté leur intention de lancer des produits sur les marchés privés si les règles régissant cette catégorie d’actif dans les régimes de retraite étaient assouplies.

Si les partisans d’une telle mesure considèrent qu’elle permettrait aux épargnants de diversifier leurs portefeuilles tout en stimulant les investissements dans l’économie réelle, certains s’inquiètent que la prime de performance prélevée par les gestionnaires soit complexe à calculer, et devienne potentiellement inéquitable.

« Les participants entrent, sortent, ont des valeurs d’actifs différentes, des structures de cotisation variées, souligne à Bloomberg Stephen Budge, associé chez Lane Clark & Peacock. Comment s’assurer qu’ils soient équitablement facturés pour les rendements et le niveau de performance obtenus ? »

Certains régimes CD britanniques ont déjà intégré les actifs privés à leurs portefeuilles. C’est le cas du National Employment Savings Trust (NEST), l’un des plus grands au pays, qui a confié en 2019 un mandat de crédit privé à BNP Paribas.

Mais pour l’instant beaucoup de gestionnaires d’actifs privés font l’impasse sur le secteur britannique des régimes CD, n’étant pas autorisés à facturer des primes de performance.