Les caisses de retraite des pays industrialisés sont encore peu exposées au marché asiatique. L’année qui vient de débuter pourrait être l’occasion pour elles d’élargir leur horizon d’investissement, suggère un rapport de Gestion de placements Manuvie.

Avec un taux de croissance prévu de 5,1 % en 2020, l’Asie continue de susciter l’envie dans les pays développés. Le continent le plus peuplé de la planète reste attrayant pour les investisseurs dans un contexte de ralentissement économique mondial et d’une éventuelle reprise progressive, estiment les experts de Manuvie.

De plus, la qualité des titres asiatiques est supérieure à celle de l’ensemble des titres des marchés émergents, souligne le rapport.

En revanche, les investisseurs auront intérêt à se montrer plus sélectifs lorsqu’ils investiront sur ce continent en 2020. En effet, le ralentissement économique causé en grande partie par le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine n’a pas encore pris fin. Selon les analystes de Manuvie, les tensions devraient diminuer au fil de l’année, ce qui favorisera une reprise graduelle. La force de la reprise dépendra de la persistance ou non de la vigueur du dollar américain et de la décision de Beijing de mettre en place ou non des mesures de relance massives pour stimuler l’économie chinoise.

L’Asie est aussi est un terreau fertile pour l’investissement basé sur les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

« L’investissement durable suscite un intérêt croissant sur le marché asiatique, remarque Keisuke Tsumoto, chef, Titres à revenu fixe, Japon à Gestion de placements Manuvie. Au Japon, la valeur des actifs détenus dans le cadre de stratégies de placement durable a quadruplé de 2016 à 2018, propulsant le pays à la troisième place du palmarès mondial des marchés de l’investissement durable. »

Si l’information que communiquent les entreprises sur les facteurs ESG s’est améliorée en Asie, les données restent néanmoins incomplètes et inégales. Ainsi, les circonstances sont favorables aux stratégies de gestion active de placements durables en titres à revenu fixe asiatiques.

« Dans le contexte des paradigmes parfois contradictoires et en pleine évolution de l’émission d’actifs asiatiques durables et des placements dans de tels actifs, les parties intéressées doivent procéder à un contrôle préalable prudent et concerté pour éviter les résultats confus », ajoute Murray Collis, chef, Titres à revenu fixe, Singapour à Gestion de placements Manuvie.

Les taux négatifs sont là pour rester

Alors que de plus en plus de titres obligataires affichent des taux négatifs, les investisseurs peinent à générer des rendements dans leurs portefeuilles de revenu fixe.

En novembre dernier, 22 % des titres de l’indice Bloomberg Barclays Global Aggregate Bond ont affiché un taux négatif. Ce sont les titres souverains qui ont mené le bal : 31 % ont inscrit un taux de rendement négatif.

Avec l’inflation qui demeure inférieure aux cibles établies dans de nombreux pays développés, les investisseurs doivent donc s’attendre à ce que les taux faibles ou négatifs persistent pendant encore un certain temps.

« Nous sommes officiellement entrés dans une réalité alternative pour les revenus fixes, affirme John F. Addeo, chef mondial des placements, Titres à revenu fixe à Gestion de placements Manuvie. L’incapacité de la politique monétaire traditionnelle à stimuler la croissance économique, y compris au moyen de taux d’intérêt quasi nuls, est, selon nous, la raison principale derrière les taux de rendement négatifs. »

Au-delà des taux directeurs, les politiques d’assouplissement quantitatif actuellement mises en œuvre par les banques centrales font monter les prix des obligations à long terme et font baisser les taux. La demande de revenu des investisseurs fait aussi grimper le prix des obligations.

Pour tirer leur épingle du jeu dans un environnement obligataire aussi inhospitalier, les caisses de retraite ont avantage à s’ouvrir aux titres à rendement élevé et à tirer profit des titres de créance et des titres privilégiés des marchés émergents.