Pendant que les PDG et membres de la direction voient leur rémunération s’envoler, les travailleurs subissent l’inflation galopante… suscitant l’inquiétude d’un fonds de pension et d’investisseurs.  

Les écarts de rémunération se creusent tellement que les entreprises pourraient finir par en payer un lourd tribut.

Le système de rémunération des dirigeants est cassé, met en garde le conseil d’administration du  fonds de pension de l’Église d’Angleterre, qui encourage les entreprises à veiller de bien verser un salaire de subsistance aux travailleurs. Cette mise en garde survient alors que plusieurs grandes entreprises britanniques ont adopté des augmentations importantes à leurs dirigeants.

Or, bon nombre de travailleurs luttent conte l’augmentation du coût de la vie, au point que leur salaire parvient difficilement à assurer leur subsistance.

Le conseil d’administration du  fonds de pension de l’Église d’Angleterre a voté contre des augmentations de rémunération de dirigeants, arguant qu’ «  une crise sociétale se déroule devant nous et, au Royaume-Uni, plus des trois quarts des églises sont impliquées dans le soutien des banques alimentaires qui ne fournissent pas seulement de la nourriture aux personnes sans emploi, mais aussi à celles qui travaillent et qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts », cité par Business Matters.

Parallèlement, des voix s’élèvent au Royaume-Uni contre le désespoir financier que l’inflation inflige à des travailleurs, qui s’ajoute à la colère de voir les dirigeants gagner toujours plus, le tout risquant de causer des troubles civils.

Et l’inquiétude ne s’exprime pas seulement au Royaume-Uni. Aux États-Unis, les PDG qui dirigent les entreprises du S&P 500 ont obtenu des gains en hausse de  17 % en 2021, tandis que les travailleurs restent à la traîne, pointe The Globe and Mail.

Au même moment, les salaires et les avantages sociaux des travailleurs du secteur privé ont augmenté de 4,4 %, soit la hausse la plus forte depuis vingt ans, indique une étude d’Equilar pour Associated Press. Cependant, cette augmentation ne parvient pas à suivre l’inflation, qui atteint 7 % en 2021.

En 2021, il fallait au travailleur situé au milieu de l’échelle des salaires de l’entreprise au moins 186 ans pour gagner ce que son PDG a gagné. Ce chiffre est en hausse par rapport aux 166 ans de l’année précédente.

Or, les Américains, tous partis confondus, considèrent que la rémunération des PDG est trop élevée, montrent plusieurs sondages. Cette colère pourrait servir de carburant supplémentaire pour la Grande Démission, impactant les résultats des entreprises aux prises avec les vagues de départs d’employés.

Cette colère est également relayée par les investisseurs. L’augmentation de rémunération de166,7 % obtenue par Jamie Dimon, le directeur général de JPMorgan Chase, n’a été approuvé que par 31 % des investisseurs présent à l’assemblée annuelle des actionnaires. Ce vote est toutefois uniquement consultatif.