Les petites et moyennes entreprises (PME) canadiennes apparaissent divisées sur l’utilité de la Subvention salariale d’urgence du Canada appliquée en contexte de crise de la COVID-19, selon les résultats préliminaires d’un sondage publié lundi par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).

Pour 29 % d’entre elles, la subvention les aidera à éviter de nouvelles mises à pied ou à rappeler leur personnel, contre 37 % qui déclarent qu’elle ne leur est pas bénéfique et 21 % qui ne sont pas certaines de son impact réel.

Un autre sondage publié la semaine dernière avait révélé que le coût moyen de la crise de la COVID-19 sur les petites entreprises s’élevait à 160 000 $.

Jasmin Guénette, vice-président de la FCEI, invite le gouvernement du Canada à améliorer le programme, ayant observé que présentement, plusieurs entreprises dans le besoin n’y ont pas accès.

Parmi les 37 % de répondants qui déclarent que la subvention ne leur est pas bénéfique, plusieurs expliquent qu’ils ne peuvent pas attendre jusqu’à six semaines pour l’obtenir. Environ 20 % craignent de ne pas pouvoir démontrer une baisse de 30 % des revenus, même s’ils sont admissibles.

D’autres soutiennent que la subvention salariale ne serait pas suffisante pour conserver les emplois, même s’ils sont admissibles au programme.

La FCEI propose donc d’éliminer le critère de 30 % de baisse de revenus pour les PME dont les gouvernements ordonnent la fermeture totale ou partielle. Ce critère pourrait être réduit à 15 % pour le mois de mars puisque les principaux impacts sur les entreprises ont été ressentis à la mi-mars.

La FCEI souhaite aussi la création d’un critère différent pour assurer que les entreprises en démarrage ou en croissance rapide puissent accéder à une aide.

Le sondage en ligne a débuté vendredi dernier; en date de lundi, 8892 chefs de PME du Canada y avaient répondu.

À titre de comparaison, pour un échantillon probabiliste ayant un nombre égal de répondants, la marge d’erreur serait de plus ou moins 1 %, 19 fois sur 20.

Subventionner une partie des coûts fixes d’opération

Le Bloc québécois propose pour sa part d’élargir la subvention salariale de 75 % offerte aux entreprises afin de les aider à passer à travers la crise de la COVID-19.

Dans une lettre envoyée au premier ministre Justin Trudeau, le chef bloquiste Yves-François Blanchet l’invite à considérer « l’ajout à la subvention salariale d’un pourcentage » qui couvrirait une part des coûts fixes d’opération pendant la suspension des activités des entreprises.

« En effet, les PME québécoises et canadiennes doivent assumer des dépenses récurrentes que la crise ne suspend pas. Ces dépenses compromettent la viabilité financière de nombreuses entreprises », fait valoir M. Blanchet par écrit.

En plus de la subvention salariale, le fédéral a présenté le Compte d’urgence pour les petites entreprises et organismes à but non lucratif afin de les aider à couvrir leurs coûts d’exploitation. Les organisations admissibles peuvent obtenir un prêt sans intérêt de 40 000 $, dont 10 000$ qui pourrait être non remboursable.

« Les revenus que perdent ces industries, services et commerces durant la crise ne reviendront en général pas. Il est donc risqué pour ces entreprises de remplacer des liquidités générées par des ventes par des liquidités obtenues via le crédit », constate M. Blanchet, qui ajoute que cette charge ajoutée lors de la reprise des activités peut être « un danger réel ».

Un Parlement réduit devrait être convoqué de nouveau pour adopter les mesures d’urgence pour les entreprises. Le programme de subvention salariale doit être mis en place d’ici trois à six semaines.