Les systèmes de retraite d’un grand nombre de pays pénalisent les femmes, soutient l’OCDE, et la pandémie de COVID-19 pourrait contribuer à creuser encore plus le fossé entre le revenu de retraite des femmes et des hommes.

Déjà avant le début de la crise du coronavirus, les femmes étaient fortement désavantagées en matière de retraite en raison de leurs salaires inférieurs lors de la vie active, de leur absence du monde du travail lorsqu’elles ont des enfants et finalement de leur espérance de vie supérieure à celle des hommes, rapporte Bloomberg.

Or, les problèmes économiques causées par la COVID-19 ne feront qu’amplifier ces défis. « La crise semble aggraver les perspectives d’emploi des femmes plus fortement que celles des hommes car les femmes ont tendance à travailler dans des secteurs plus touchés », souligne Maciej Lis, économiste pour un groupe de l’OCDE chargé de la retraite et du vieillissement de la population.

En Australie par exemple, qui possède le troisième meilleur système de retraite au monde selon Mercer, les femmes partent à la retraite avec en moyenne 40 % moins d’économies que les hommes. Ce pourcentage est similaire à ce qui est observée dans la moyenne de l’Union européenne. L’écart est plutôt de 24 % au Canada, et de 32 % aux États-Unis.

Le système de retraite australien, basé sur l’accumulation de capital, impose aux employeurs qu’ils versent 9,5 % du salaire brut de leurs employés dans un régime de retraite. Or, pour que ces versements soient obligatoires, les employés doivent avoir un revenu mensuel d’au moins 450 dollars australiens (environ 430 dollars canadiens). Certaines catégories de travailleurs à faible revenus, où les femmes sont surreprésentées, sont donc exclues du système de retraite.

« Le système ne fonctionne pas pour les femmes qui s’abstiennent de travailler, les femmes qui travaillent occasionnellement, à temps partiel, et il ne valorise pas suffisamment les années de travail non rémunéré », commente Debby Blakey, directrice générale du Health Employees Superannuation Trust, un régime de retraite australien pour les travailleurs de la santé.

L’écart entre les revenus de retraite des femmes et des hommes est encore plus élevé au Japon (47 %), en Allemagne (46 %) et au Luxembourg (43 %).

Certains observateurs estiment que les gouvernements devraient contribuer au régime de retraite des femmes lorsque celles-ci cessent de travailler pour prendre soin de leur famille. Le Danemark et la Suède compensent par exemple les interruptions de carrière des femmes lorsqu’il est question de la garde d’enfants. Selon les données de l’OCDE, l’écart de revenu de retraite entre les hommes et les femmes au Danemark n’est que de 8 %.

Dans une enquête réalisée en avril dernier aux États-Unis par le Transamerica Center for Retirement Studies après que de larges pans de l’économie aient été temporairement fermés, 25 % des femmes ont déclaré que leur confiance en leur capacité à prendre une retraite confortable avait chuté en raison de la pandémie, contre 21 % des hommes. De plus, quelque 39 % des femmes n’épargnent pas pour leur retraite, contre seulement 22 % des hommes.