Alors que les aînés peinent de plus en plus à subvenir à leurs besoins à la retraite, plusieurs organisations s’inquiètent du manque d’action de la part du gouvernement et envisagent de s’unir pour faire pression.

« Il y a du chemin à faire. Il faut qu’on se bouge, parce qu’on est très en retard », a ainsi prévenu Danis Prud’homme, directeur général du Réseau FADOQ en ouverture de la Table ronde de l’Observatoire de la retraite mardi dernier.

Le vieillissement de la population s’accélère. M. Prud’homme estime ainsi que dès 2030, la proportion de la population âgée de plus de 65 ans approchera des 30 %, alors qu’elle n’en est qu’à 20 % aujourd’hui. Et le phénomène devrait aller en augmentant du fait de l’espérance de vie toujours plus longue.

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Cela pose plusieurs défis aux retraités. « Nos économies vont devoir durer plus longtemps, explique Danis Prud’homme. Et malheureusement, nos revenus ne suivent pas le coût de la vie, dans bien des cas ».

Par manque d’argent, de plus en plus de retraités sont obligés de revenir sur le marché du travail. Cependant, les entreprises ne sont pas toujours enclines à engager des aînés. « On fait face à de l’âgisme! », déplore le directeur général du Réseau FADOQ.

Les inégalités de revenu chez les personnes de 65 ans et plus ont recommencé à augmenter dans les dernières années, remarque également Frédéric Hanin, professeur au département des relations industrielles de l’Université Laval.

« Tous les régimes de retraite ont des plafonds, donc à partir d’un certain montant, on ne cotise plus. Cela génère des inégalités de plus en plus fortes, constate-t-il. Avec le vieillissement de la population, si on garde le même système qu’aujourd’hui, cet écart va continuer à augmenter. »

Selon Danis Prud’homme, la retraite devrait donc être repensée à plusieurs niveaux. Les entreprises, par exemple, devraient continuer à former leurs employés quel que soit leur âge pour leur permettre de rester plus longtemps sur le marché du travail et cotiser à leur régime de retraite même après qu’ils aient atteint 66 ans.

« Il y a des choix de sociétés qu’on doit faire et on doit les pousser de l’avant », estime-t-il.

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Les aînés ne peuvent pas compter sur l’aide des gouvernements pour régler la situation, estime Patrice Gagnon, dossier retraite et assurance à la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ).

« Le gouvernement conservateur se souciait peu des retraités. Et malgré tout, ses candidats obtiennent de bons scores dans les intentions de vote », déplore-t-il.

Il rappelle ainsi que Stephen Harper était contre la bonification du régime public, qu’il avait voulu augmenter l’âge de la retraite et qu’il avait cherché à abolir les crédits d’impôts relatifs aux fonds de travailleurs.

Selon lui, le gouvernement actuel n’est pas mieux. « Il n’a fait qu’appuyer sur le bouton réinitialiser », remettant en place ce que son prédécesseur avait voulu éliminer sans apporter de réelle solution supplémentaire.

Au niveau provincial, il affirme que l’implantation du Régime volontaire d’épargne-retraite (RVER) par le gouvernement libéral n’a pas nécessairement les effets escomptés, les employeurs n’étant pas obligés d’y cotiser.

Il déplore également que les libéraux aient d’abord rejeté l’idée de bonifier le Régime de rentes du Québec (RRQ) de la même manière que le Régime de pensions du Canada en soutenant que la situation des Québécois était différente, bien qu’ils aient finalement adopté un projet de loi modifiant le RRQ en février.

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