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Depuis l’explosion de la crise financière, « garanti » est plus que jamais un mot magique pour intéresser les participants de régimes à un produit, d’autant plus dans le cas des baby-boomers, durement éprouvés par la déroute des marchés.

Offert dans le cadre d’un contrat de fonds distinct ou d’un placement garanti, le retrait garanti est proposé sous deux formes : la prestation de retrait minimum garanti (PRMG) et l’option viagère de retrait garanti. Le PRMG prévoit le paiement garanti, pendant une période pouvant atteindre 20 ans, d’un certain montant. Ce montant est généralement (mais pas forcément) fixé à 5 % de la base de la garantie (c’est-à-dire le dépôt d’origine ou le capital rajusté, après rétablissement pour prendre en compte les gains réalisés sur le marché). La seconde, l’option viagère de retrait garanti, prévoit le versement à vie d’un certain montant – généralement 5 % du dépôt d’origine ou de la base de garantie rajustée — sous réserve d’un âge minimum. En somme, le retrait garanti est une variante de la proposition des fonds distincts. « Cette prestation s’apparente aux prestations de décès garanties ou à la valeur garantie à l’échéance, qui sont exclusives aux contrats de fonds distincts », explique Geraldo Ferreira, vice-président, Développement et gestion des produits de placements pour la société torontoise Transamerica Vie Canada. De l’avis de plusieurs conseillers, le déclin des régimes de retraite à prestations déterminées favorise les régimes à retrait garanti.

Les régimes à retrait garanti assument la gestion des risques de marché, d’inflation et de longévité, déclare Troy Rumpel, vice-président régional, planification successorale pour Assante Estate & Insurance Services, également planificateur financier agréé et spécialiste du domaine des plans financiers, où il compte 17 années d’expérience. Il considère que la garantie viagère désormais intégrée à ces régimes est un changement considérable.

Diverses autres modifications ont été apportées à ces régimes au cours des derniers 18 mois, fait remarquer Brad Brain. Ce planificateur financier agréé et président de la firme Brad Brain Financial Planning Inc. de Fort St. John, en Colombie-Britannique, pratique la planification financière depuis une quinzaine d’années. Parmi les changements les plus notables implantés par certaines sociétés, la part accordée aux actions est limitée – généralement dans le cadre de fonds équilibrés – le reste étant affecté à des liquidités ou à des titres à revenu fixe. Certaines options de fonds ont été supprimées, les frais ont augmenté et les garanties ont diminué. En conséquence, les régimes à retrait garanti offrent moins de latitude et de souplesse et sont parfois plus coûteux, ajoute-t-il. Toutefois, il souligne que la hausse des frais n’absorbe pas tout le potentiel d’appréciation.

Pour M. Brain, les régimes à retrait garanti peuvent remplir plusieurs fonctions précises, dont celle de procurer un revenu de retraite additionnel. Il présente deux scénarios en exemple : après avoir pris sa retraite en bonne et due forme, M. X a pris un emploi à temps partiel afin de compléter son revenu de retraite. Cet emploi ayant pris fin, il commence à effectuer des retraits garantis. Mme Y a amorcé des retraits garantis dès qu’elle a pris sa retraite. Pour tromper l’ennui, elle a décidé de prendre un emploi à temps partiel et a mis un terme aux retraits garantis. Selon M. Brain, ce produit pourrait également constituer la composante de titres à revenu fixe d’un portefeuille de retraite. « Il ne s’agit pas de remplacer les rentes mais plutôt un fonds obligataire, voire des obligations. »

S’ils offrent sécurité et versements garantis, ces produits ne présentent qu’un faible potentiel de croissance nette du capital, note Robert MacKenzie, planificateur financier agréé et conseiller indépendant à Ottawa, qui compte 14 années d’expérience en la matière. M. MacKenzie convient des avantages de ce type de régime, mais il doute qu’ils procurent un potentiel de rendement supérieur au montant garanti, en dépit des redressements de la base de garantie (voir l’encadré 2). Il fait remarquer que pour assurer des versements garantis de 5 %, compte tenu des frais et des dépenses, la performance doit se situer autour de 8,5 %. « Pensez-vous qu’il soit possible d’obtenir un rendement moyen de 8,5 % sur trois ans ? En clair cela signifie 25,5 % (dans le cas d’un régime dont la base de garantie est rajustée tous les trois ans). Il ajoute que ces résultats sont impératifs pour augmenter le montant du régime, ce qui lui semble à toutes fins pratiques, impossible. »

Encadré 2
Selon les calculs de Robert MacKenzie, pour que certains régimes garantis puissent offrir un rendement supérieur au taux prévu de 5 % plus les frais et les dépenses (et, par conséquent, procurer à la longue un capital de base ajusté supérieur), il faut que le rendement du marché atteigne ou dépasse 8,5 %. Voici son calcul :

Frais et dépenses (moyenne)3,5 %
Prestation de retrait minimum garanti5 %
TOTAL8,5 %
Composante d’actions de la plupart des régimes (pas de tous)70 %
Composante de titres à revenu fixe de la plupart des régimes30 %
Rendement hypothétique de la composante d’actions8,5 %, soit un rendement pondéré de 8,5 % x 70 % = 6 %
Rendement annuel hypothétique de la composante d’obligations et de liquidités4 %, soit un rendement annuel pondéré de 30 % x 4 % = 1,2 %
Selon ce calcul, le rendement total du régime est de6 % + 1,2 % = 7,2 %

Dans ce scénario (optimiste de l’avis de M. MacKenzie) le montant du capital du régime diminuerait au lieu d’augmenter.

Par ailleurs, divers facteurs auront une influence sur la concurrence à court et moyen termes, selon M. Ferreira. L’uniformisation des caractéristiques, notamment les redressements et les bonis, implique que la rivalité entre les compagnies d’assurance se fera au chapitre du choix des placements, de la nature des avantages ou de la prestation des services. De plus, il prévoit que le nombre de fournisseurs de régimes à retraits garantis, soit huit actuellement, augmentera, laissant entendre que toutes les entreprises qui proposent des fonds distincts y associeront tôt ou tard une option de retrait garanti.

« Compte tenu de la phase baissière que nous avons traversée, les assureurs qui n’offrent pas encore ce produit ont sans doute des réticences à franchir le pas car le prix de cette caractéristique pourrait être prohibitif dans le contexte actuel. Il ajoute que la demande des conseillers et d’autres facteurs relatifs au marché sont susceptibles de les conduire à changer d’avis. »

Journaliste financier à Toronto, Al Emid, se spécialise dans les assurances, les placements et le secteur bancaire.