Les jeunes Canadiens risquent fort bien de devoir éponger des déficits dans le Régime de pensions du Canada (RPC) bonifié si les rendements attendus ne se matérialisent pas, prévient l’Institut C.D. Howe dans un récent rapport.

Citant des calculs réalisés en octobre 2016 par l’actuaire en chef du Canada, les auteurs de l’étude expliquent que le RPC doit obtenir un rendement annuel moyen d’au moins 3,41 % pour être en mesure de s’acquitter de ses obligations envers ses bénéficiaires.

Mais pour atteindre cet objectif, le régime devra s’exposer à des risques d’investissement plus importants. Selon l’Institut C.D. Howe, la réalisation d’un rendement moyen à long terme d’au moins 3,41 % « nécessite une combinaison d’actifs qui comporte un risque élevé et de l’incertitude ». Cette incertitude pourrait se traduire par des rendements plus élevés ou moins élevés que prévus.

Si les rendements ne répondent pas aux attentes, les jeunes travailleurs canadiens pourraient donc voir éventuellement leur taux de cotisation au régime grimper, ou encore l’âge minimal où ils pourront réclamer leurs prestations augmenter.

À lire : Assurer l’équité contre vents et marées

Les risques de la bonification

Contrairement au RPC actuel, la portion bonifiée du régime sera conçue de façon à être entièrement capitalisée. « Vous êtes donc totalement dépendant des revenus de placement », explique Robert Brown, professeur émérite de statistiques et de sciences actuarielles à l’Université de Waterloo. « Théoriquement, vous ne pouvez utiliser aucune de vos cotisations pour payer des prestations. »

L’Institut C.D. Howe a réalisé plusieurs simulations pour étudier les effets des fluctuations potentielles des rendements projetés sur la capacité du RPC à tenir ses promesses. Résultat, les flux de trésorerie seraient suffisants pour couvrir le versement de 90 % des prestations dans seulement la moitié des scénarios analysés. Le rapport note également le manque de clarté du RPC sur les actions à prendre advenant le cas où les fonds seraient insuffisants pour couvrir le coût des prestations améliorées du régime.

Plutôt que la formule choisie par Ottawa pour bonifier le RPC, le rapport de l’Institut C.D. Howe recommande donc une approche à prestations cibles. Un tel mécanisme permettrait au gouvernement de limiter les augmentations potentielles de cotisations en sécurisant la portion des prestations de base que le régime doit verser, tout en se donnant plus de latitude pour modifier les prestations supplémentaires.

À lire : RRQ : les employeurs québécois préfèrent le scénario fédéral