Au vu de la situation actuelle sur les marchés financiers, certains retraités devront peut-être reporter leurs projets de retraite le temps que leurs portefeuilles de placement se rétablisse. Selon l’Institut C.D. Howe, le moment est bien choisi pour réviser les règles fiscales entourant les instruments d’épargne-retraite.

L’institut de recherche recommande au gouvernement fédéral de permettre aux Canadiens de repousser à 75 ans l’âge minimum auquel ils doivent commencer à toucher les revenus de retraite accumulés dans l’ensemble des instruments d’épargne qu’ils détiennent. Cela inclut notamment les REER et les CRI, mais aussi les régimes de retraite à cotisation déterminée (CD). À l’heure actuelle, les épargnants doivent commencer à décaisser ces sommes dès l’âge de 71 ans. Dans le contexte actuel, une telle mesure éviterait à de nombreux Canadiens de devoir vendre des actions à perte seulement pour respecter les règles fiscales en vigueur.

Sans aller aussi loin que la proposition de l’Institut C.D. Howe, Ottawa a tout de même annoncé la semaine une réduction de 25 % du retrait minimum des FERR en 2020 en raison de la volatilité des marchés et de leur impact sur l’épargne-retraite de nombreuses personnes âgées.

« En raison de l’effondrement du marché lié à la COVID-19, les travailleurs âgés pourraient devoir demeurer sur le marché du travail pendant encore plusieurs années, ou encore se contenter de revenus de retraite inférieurs », affirme l’auteur de l’étude, Joseph Nunes.

Cet âge révisé de 75 ans devrait également s’appliquer à la pension de Sécurité de la vieillesse (PSV), au Régime de rentes du Québec et au Régime de pensions du Canada, soutient C.D. Howe. En ce moment, les Canadiens ne peuvent repousser le premier versement de leurs prestations provenant des régimes publics au-delà de 70 ans. Des ajustements devraient toutefois être apportés à certains paramètres pour éviter qu’une partie ou la totalité des gains supplémentaires perçus par les prestataires soient effacées par le mécanisme de récupération de la PSV.

Épargner plus de 18 % de son salaire

Alors que la situation économique mondiale se détériore rapidement, et que la longévité, elle, continue d’augmenter, travailler plus longtemps est l’un des principaux leviers à la disposition des Canadiens pour s’assurer un revenu de retraite confortable, note l’institut.

Pour certains épargnants, c’est toutefois le problème inverse qui se présente. Ils aimeraient prendre leur retraite plus tôt, mais le taux de cotisation maximal permis dans les régimes de retraite à cotisation déterminée et les REER est trop faible pour leur permettre d’accumuler un pécule suffisant avant l’âge de 65 ans. L’Institut C.D. Howe propose donc de fixer le taux de cotisation maximal à un niveau supérieur à 18 % du revenu du participant, le plafond actuel.

Dans l’ensemble, souligne l’Institut, ces nouvelles mesures profiteraient autant aux Canadiens qui désirent reporter leur retraite sans devoir commencer à décaisser leur épargne dès 71 ans qu’aux Canadiens qui souhaitent au contraire accélérer leur rythme d’épargne dans le but de prendre leur retraite plus tôt.

Pour rendre le système de retraite plus équitable, l’auteur de l’étude suggère aussi d’éliminer les « généreuses conditions de retraite anticipée » offertes par certains employeurs du secteur public, où les employés bénéficient de régimes à prestations déterminées qui les protègent déjà de la plupart des risques.