Très peu d’aînés canadiens ont décidé de reporter le début des versements de la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV) en échange de paiements mensuels plus élevés, indique une récente évaluation du programme réalisée par Emploi et Développement social Canada.

À peine 4 % des aînés qui étaient admissibles à recevoir la PSV entre 2013 et 2018 ont fait le choix de la reporter. La tendance est néanmoins à la hausse : alors que seulement 3 500 Canadiens ont reçu des prestations reportées en 2014, ils étaient 60 000 en 2018.

Depuis 2013, le montant mensuel de la PSV est augmenté de 0,6 % pour chaque mois où la pension est reportée entre 65 et 70 ans, jusqu’à un maximum de 36 % (pour le report de 5 ans).

Emploi et Développement social Canada explique la très faible popularité du mécanisme de report de la PSV par le fait que les Canadiens ne sont pas au courant de l’existence d’une telle option. Seuls 17 % des gens savent qu’ils peuvent reporter leur pension jusqu’à l’âge de 70 ans en échange de prestations plus élevées. La proportion de gens au courant augmente avec l’âge, le revenu, le niveau de scolarité et les connaissances financières. De plus, les femmes sont légèrement moins au courant de cette mesure que les hommes.

Même chez ceux qui décident d’attendre avant de toucher la PSV, le report est de courte durée. Un tiers des aînés qui reportent leur pension l’ont fait pour un an ou moins et plus de 60 % l’ont fait pour deux ans ou moins. 20 % l’ont fait pour deux à trois ans. Seulement 20 % ont fait un report de plus de trois ans.

Le report de la PSV va de pair avec le report de la retraite

Environ 80 % des gens ont travaillé pendant le report de leurs prestations dans la première cohorte d’ainés ayant reporté leur pension en 2013. Ce pourcentage est beaucoup plus élevé que chez les récipiendaires de la SV de cette cohorte, parmi lesquels le pourcentage de personnes qui travaillent se situait entre 30 et 40 %.

Dans la même veine, le revenu individuel moyen de ces aînés qui ont reporté leur PSV était d’environ 100 000 $ de 2013 à 2016, ce qui est plus du double de celui des récipiendaires de la SV de cette cohorte. Dans leur cas, la décision de reporter la PSV peut s’expliquer par des considérations fiscales. En effet, près de 60 % de ceux qui ont reporté leur pension avaient un revenu supérieur à 75 000 $ de 2013 à 2015; ils auraient donc eu à payer l’impôt de récupération de la SV s’ils avaient touché leur pension dès 65 ans.

Emploi et Développement social Canada conclut que le fait de promouvoir l’option de report de la PSV « aiderait les Canadiens à prendre de meilleures décisions en matière de planification de la retraite, y compris à décider s’ils devraient continuer à travailler ou non ».

Les données de Retraite Québec concernant le report de la rente du Régime de rentes du Québec (RRQ) révèlent la même tendance. Les Québécois reçoivent en moyenne leur premier versement du RRQ à 61,5 ans, soit exactement le même âge qu’il y a 20 ans. De plus, 60 % des bénéficiaires demandent leur rente aussitôt qu’ils le peuvent, c’est-à-dire à 60 ans, alors qu’ils ont la possibilité de la reporter jusqu’à 70 ans.