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Les ministres provinciaux des finances ont discrètement incité la ministre des finances Chrystia Freeland à suspendre les augmentations prévues des cotisations des employeurs et des employés au Régime de pensions du Canada.

L’augmentation prévue pour le 1er janvier 2021 fait partie d’un plan pluriannuel approuvé par les provinces et le gouvernement fédéral il y a quatre ans, qui vise à augmenter les prestations de retraite par le biais du régime public en augmentant les cotisations au fil du temps. La première hausse des cotisations a eu lieu en 2019, une autre a eu lieu plus tôt cette année et la prochaine est prévue pour le début de l’année prochaine.

Lors d’un récent appel téléphonique avec Mme Freeland, plusieurs ministres provinciaux des finances lui ont demandé de mettre un terme à l’augmentation automatique de l’année prochaine en raison de la pandémie de coronavirus. Ils ont fait valoir que ce n’est pas une décision économique judicieuse que de retirer davantage sur les chèques de paie des travailleurs et de faire payer davantage les entreprises alors que beaucoup d’entre elles sont encore en difficulté.

Les détails se trouvent dans une lettre que la ministre des finances de la Saskatchewan, Donna Harpauer, a envoyée à Mme Freeland en début de semaine, dont la Presse canadienne a obtenu une copie. Le bureau de Mme Harpauer a confirmé l’authenticité de la lettre, et que ses homologues provinciaux ont soulevé la question lors d’une téléconférence avec Mme Freeland le 20 novembre.

Toute modification des taux de cotisation ou du plafond des revenus à partir duquel les cotisations sont plafonnées doit être approuvée par le Parlement et sept provinces représentant au moins deux tiers de la population nationale – une barre plus haute que celle requise pour modifier la Constitution. Le 30 novembre, Mme Freeland doit présenter une mise à jour économique qui devrait fournir un compte rendu complet de toutes les dépenses fédérales consacrées à la pandémie de coronavirus à ce jour. Le document détaillera également l’ampleur du déficit de cette année, estimé pour la dernière fois en juillet à 343,2 milliards de dollars, et devrait présenter quelques nouvelles dépenses.

Dans sa lettre, Mme Harpauer a demandé à Mme Freeland d’utiliser ce document pour annoncer un report de toute augmentation des cotisations au RPC jusqu’en 2022 au moins, date à laquelle le pays espère voir une reprise économique plus soutenue. « Nos gouvernements ont fourni un certain nombre de soutiens directs et indirects aux entreprises et aux travailleurs pour les aider à traverser l’actuel ralentissement économique basé sur la COVID-19, a-t-elle écrit. Je pense qu’augmenter les taux de cotisation au RPC en ce moment serait contre-productif pour nos nombreux efforts des huit derniers mois. »

Selon une porte-parole de Mme Freeland, le gel des augmentations négociées en 2016 signifierait une réduction des futures prestations pour les travailleurs actuels du Canada. « La première priorité du gouvernement fédéral est de soutenir les Canadiens et les entreprises, y compris en Saskatchewan, alors que le pays résiste à la pandémie de COVID-19. Avec une deuxième vague en cours, de nombreuses personnes en Saskatchewan et dans tout le Canada continuent de faire face à une immense incertitude. »