Alors que le concept de retraite progressive est adopté par un nombre toujours plus grands de travailleurs, il peut être intéressant d’analyser dans quelles mesure les politiques publiques ont une incidence sur le prolongement de la vie active des Canadiens. Et pourquoi pas, de faire une comparaison avec nos voisins du sud.

« Il y avait jusqu’à récemment une grande similitude, une tradition de convergence, au Canada et aux États-Unis concernant les programmes et comportements liés à la retraite », a expliqué Denis Latulippe, professeur titulaire à l’École d’actuariat de l’Université Laval dans le cadre du Rendez-vous des promoteurs, en octobre dernier.

Si en moyenne l’âge effectif de la retraite était similaire des deux côtés de la frontière il y a quelques années, ce n’est plus le cas aujourd’hui. La principale raison? Les États-Unis ont commencé à relever l’âge normal de la retraite, qui atteindra 67 ans vers 2027. Il se situe aujourd’hui à 66 ans, alors qu’il était toujours à 65 ans au début des années 2000. Les Américains peuvent continuer de toucher leur rente des régimes publics à l’âge de 62 ans, comme c’était le cas avant, mais doivent accepter des prestations plus faibles s’ils font leur demande avant l’âge normal de la retraite.

Au Canada, cet âge normal qui permet de toucher les prestations du RRQ et du RPC sans pénalité se situe encore à 65 ans. Il faut préciser que les prévisions actuarielles des régimes publics de retraite canadiens sont équilibrés à long terme, ce qui n’est pas le cas aux États-Unis, d’où une hausse de l’âge de la retraite sans pénalité.

« La hausse de l’âge normal de la retraite aux États-Unis a entraîné une hausse de l’âge effectif de la retraite dans la population. Au Canada, l’âge effectif est demeuré stable », souligne Denis Latulippe.

Les Américains sont également plus portés à continuer à travailler à temps plein à la retraite, contrairement aux Canadiens, qui privilégient davantage le temps partiel.

La hausse de l’âge légal de la retraite aux États-Unis n’explique cependant pas à lui seul pourquoi les Américains sont plus nombreux à prolonger leur carrière, insiste Denis Latulippe. Les travailleurs canadiens bénéficient par exemple d’une couverture plus élargie des régimes de retraite à prestations déterminées. N’ayant pas à se soucier du risque de longévité, les participants de régimes PD ont tendance à se retirer plus tôt du marché du travail que les participants de régimes à cotisation déterminée.

« Le constat est assez clair : les régimes CD sont associés à une présence plus grande sur le marché du travail à des âges avancés », résume Denis Latulippe.