Les caisses de retraite canadiennes sont prêtes à investir dans les aéroports canadiens, mais le débat sera long avant que les Canadiens acceptent la privatisation de ces infrastructures.

Les caisses de retraite canadiennes investissement déjà dans des aéroports… hors du Canada, comme c’est le cas à London City Airport, à Sydney, et à Copenhague. De tels investissements assurent des revenus réguliers – alignés sur l’inflation – et des opportunités de croissance, avec les redevances versées à chaque décollage et atterrissage d’un avion, et les revenus tirés des innombrables services proposés aux voyageurs.

La particularité des investissements aéroportuaires des caisses canadiennes réside dans le fait que ces participations sont souvent effectuées directement dans le capital des aéroports, alors que leurs homologues d’autres pays se contentent souvent d’investissements indirects à travers des fonds de capital-investissement.

En retour, les investissements des caisses de retraite soutiennent les possibilités des aéroports de développer des sources supplémentaires de revenus, issus de nouveaux services. La privatisation pourrait aussi contribuer à une amélioration de la qualité du service rendu aux voyageurs.

Le budget fédéral annoncé au printemps prévoit la mise en place d’un groupe de travail, dirigé par l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, dont le mandat est d’identifier les possibilités d’investissement des caisses de retraite dans plusieurs secteurs, y compris les aéroports. Stephen Poloz a déjà reçu des propositions, et rencontre de manière informelle les fonds de pension et d’autres parties prenantes avant de définir les prochaines étapes, rapporte le Financial Post.

Si les caisses de retraite canadiennes semblent prêtes à investir dans les aéroports canadiens comme elles le font dans d’autres infrastructures aéroportuaires ailleurs dans le monde, la principale incertitude est plutôt de savoir si le gouvernement fédéral et les citoyens canadiens sont prêts à cela. Dans le monde entier, le développement des investissements privés dans les aéroports se heurte généralement aux craintes des citoyens de voir augmenter les redevances et les nuisances sonores – liées à la croissance du trafic -, de même que réduire le nombre d’emplois.

Le changement serait considérable puisqu’aucun aéroport canadien n’est détenu par des investisseurs privés, et il n’y en a qu’un seul aux États-Unis, celui de Branson dans le Missouri.

Quoi qu’il en soit, si un processus de privatisation des aéroports canadiens voit le jour, il mettra du temps à être mis en place, afin de définir quelle serait la place des investisseurs privés tels que les caisses de retraite. Ne serait-ce que pour déterminer si ils devraient détenir la propriété majoritaire ou minoritaire des infrastructures, la responsabilité totale ou partielle de leur exploitation, entre autres enjeux qui devront être débattus.