Les régimes de retraite britanniques vivent une de leurs pires crises, en raison de leurs choix de couverture durant une décennie de faibles taux d’intérêt. 

La décision – rapidement annulée – de Liz Truss, la première ministre du Royaume-Uni d’abaisser la fiscalité a été suivie de turbulences sur le marché financier britannique.

Parmi les principaux perdants de ces turbulences figurent les fonds de pension britanniques. Or, la crise qu’ils vivent pourrait bien présager ce que d’autres fonds de pension dans le monde entier pourraient devoir affronter un jour ou l’autre, met en garde le Wall Street Journal.

Après la crise financière de 2008, les fonds de pension britanniques ont dû affronter une décennie de bas taux d’intérêt. Le faible taux d’actualisation a augmenté la valeur actuelle de leurs engagements à long terme, alors que la faiblesse des taux d’intérêt a réduit le rendement des investissements. Le déficit des régimes de retraite s’est creusé, les plongeant dans l’incapacité à faire face à leurs futures obligations.

Les régimes de retraite privés à prestations déterminées, qui couvraient 35 % des Britanniques en 2019, ont réduit la croissance de leurs engagements notamment en se fermant aux nouveaux participants..

Ces régimes se sont aussi lancés dans une stratégie de couverture, l’investissement axé sur le passif, qui devait permettre aux administrateurs des fonds de pension d’utiliser des produits dérivés et des techniques de couverture.

Mais cette stratégie les a rendu vulnérables à une hausse des taux d’intérêt, qui s’est matérialisée depuis un an. Les relèvements de taux d’intérêt ont réduit la valeur de certaines couvertures et ont déclenché des appels de garantie.

L’annonce du plan fiscal de Liz Truss a servi d’étincelle, effrayant les investisseurs et générant une perte de confiance soudaine sur le marché financier britannique. Mais ce n’est pas tant cette réforme fiscale qui a généré des turbulences, que la prise de conscience que le relèvement des taux d’intérêt changeait fondamentalement la donne.

Même si les autres pays industrialisés ne prévoient pas de plan fiscal comparable, la remontée des taux d’intérêt génère un nombre grandissant de risques, susceptibles de se matérialiser dans les prochains mois. La crise des fonds de pension britanniques est un avertissement à cet égard: des décisions d’investissement prises dans le contexte de faibles taux d’intérêt pourraient bien devoir assumer leur part de risque dans le nouveau monde de taux d’intérêt élevés. Les fonds de pension britanniques viennent d’en faire l’amère expérience.