Fort de ses 22 milliards de dollars d’actif sous gestion, le régime de retraite d’Hydro-Québec fait un grand usage des stratégies de placement empruntant au marché des dérivés. « Ça se fait à grande échelle. Difficile de dire quelle part du portefeuille les dérivés occupent, compte tenu de la valeur notionnelle impliquée. Mais ils sont très présents », souligne Jean-Hugues Lafleur vice-président, Financement, trésorerie et caisse de retraite à Hydro-Québec.

Ces instruments sont recherchés pour leur efficacité et leurs coûts moindres. À Hydro, on va puiser tant du côté des « swaps », du marché de gré à gré que de celui des produits boursiers standardisés. « On y a recours pour rééquilibrer un portefeuille ou remodeler la répartition sans toucher à l’actif ou retirer les fonds, pour s’exposer au marché des produits de base, pour gérer les risques, dont celui de déviation par rapport au passif, pour se protéger contre les fluctuations des devises ou pour modifier la durée du portefeuille obligataire, énumère le gestionnaire. Il existe une panoplie de possibilités, de combinaisons. »

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On s’en sert à des fins de diminution du risque mais également dans un objectif de création de valeur. « Un gestionnaire d’actif nous intéresse, on veut le conserver mais la conjoncture nous dicte d’alléger le poids de cet actif. Nous allons alors maintenir le mandat mais vendre un indice boursier correspondant », donne-t-il en exemple. Ce type d’arbitrage est fréquent à Hydro. Sur les 22 milliards d’actif sous gestion, 40 % sont en obligations et 10 % en immobilier. « Nous gérons cela à l’interne. » Pour l’autre 50 %, « nous allons donner des mandats de gestion à l’externe ».

Cette exposition aux dérivés comportant, en soi, ses propres risques, « nous soumettons nos portefeuilles à des tests de résistance ». Jean-Hugues Lafleur se rappelle l’expérience du choc financier de 2008. De grandes caisses se pensaient couvertes alors que ce n’était pas toujours le cas. Ou encore la correction pouvait être à ce point brusque ou prononcée qu’elle entraînait des appels à la livraison de la compensation ce qui, en l’absence de liquidités, forçait une vente d’actif.

Bref, évoluer dans ce marché de manière optimale requiert une certaine taille. « Il faut disposer du support administratif et de l’expertise à l’interne. Il fait pouvoir compter sur la présence de professionnels compétents capables de gérer les liquidités et les appels de marge, d’évaluer les risques de contrepartie lorsque nous sommes hors Bourse et de suivre l’évolution de l’environnement réglementaire », précise Jean-Hugues Lafleur.

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