La rémunération moyenne des chefs d’entreprises canadiens les mieux payés a augmenté deux fois plus entre 2008 et 2013 que celle du travailleur moyen, indique une étude.

Les 100 présidents-directeurs généraux les mieux rémunérés du Canada ont empoché en moyenne 9,2 millions de dollars en 2013, soit environ 25 % de plus que ce qu’ils avaient gagné en 2008, d’après une analyse rendue publique jeudi dernier par le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA).

En comparaison, le revenu moyen des Canadiens a augmenté de 12 % de 2008 à 2013, pour se fixer à 47 358 $.

« C’est en quelque sorte une illustration très forte de l’accroissement des inégalités de revenus au Canada », a soutenu l’auteur de l’étude, Hugh Mackenzie, qui a analysé les données concernant les PDG de 240 entreprises canadiennes cotées à l’indice TSX.

« Je ne crois pas que ça puisse durer: tôt ou tard, les préoccupations liées aux inégalités de revenus commenceront à compter politiquement, et quelque chose devra se produire. »

Il faut remonter à 2007, juste avant la récession, pour retrouver un tel sommet dans la rémunération des 100 chefs d’entreprise les mieux payés, avec une moyenne de 10 M$, indique le rapport du CCPA.

Et si on redistribuait ces salaires?

De son côté, l’Institut économique de Montréal (IEDM) se demande « quel est le véritable objectif de l’étude » et a fait des calculs pour tenter de déterminer l’effet d’une redistribution des salaires des PDG sur les employés.

Diviser la rémunération totale des 100 PDG les mieux payés au Canada (796 millions de dollars) par le nombre total d’employés qui travaillent pour ces PDG (2 423 530) donnerait à chacun d’eux la somme de 328 dollars par année, note-t-on, soit environ 90 ¢ par jour, affirme-t-on.

« Étant donné que le revenu annuel moyen des Canadiens qui est cité dans le rapport du CCPA est de 46 624 $, ceci représenterait une augmentation salariale de 0,7 % », conclut-t-on.

« Même si on présume, de façon complètement irréaliste, que ces PDG les mieux payés continueraient d’exécuter leurs fonctions sans être payés, redistribuer leur compensation brute n’aurait à peu près aucun effet sur le bien-être soit de leurs employées, soit des Canadiens à faible revenu », conclut Michel Kelly-Gagnon, président-directeur général de l’IEDM.

Avec la Presse Canadienne.

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