Le 1er juillet dernier, le Régime volontaire d’épargne-retraite (RVER) est entré en vigueur, offrant un outil d’épargne aux Québécois sans régime de retraite. Aidera t-il réellement à combler les besoins ou faut-il considérer d’autres options ? Pour Jean-François Robert, président de Finances d’OR, la validité du RVER tient dans ceci : « Si l’entrepreneur ne cotise pas, c’est un non catégorique. Dans un contexte où les contribuables possèdent une faible éducation financière, il est possible de faire des erreurs qui peuvent s’avérer plus coûteuses que les économies de bout de chandelle qu’on s’apprête à faire avec le RVER. De plus, les produits sont de type bas de gamme, et parfois proposés par des institutions financières qui ne sont pas toujours parmi les plus performantes. Même après l’économie du RVER, les participants se retrouveront avec des rendements inférieurs à ceux possibles avec un conseiller financier, et ce, sans les conseils. »

Josée Plante, coordonnatrice au communications, Épargne et retraite collectives à l’Industrielle Alliance, se fait plus nuancée : « Ce n’est pas la solution miracle, c’est un pas de plus pour donner des moyens aux travailleurs pour préparer leur retraite. » Pour sa part, JeanFrançois Pelletier, vice-président régional, régimes collectifs de retraite à la Financière Sun Life, constate que le fait d’obliger 90 000 petites et moyennes entreprises à offrir un régime représente certainement un pas dans la bonne direction. « Le RVER est-il le meilleur choix ? Ça reste à démontrer, mais c’est une porte ouverte pour la discussion et l’information, où la valeur du conseil reste déterminante. »

Quels manques recensent les experts ? Jean-François Robert note que le RVER élimine de l’équation le recours à un conseiller financier alors que les contribuables ont besoin de conseils. « Le monde financier est complexe, mais on dit aux travailleurs : ça va se faire tout seul. C’est inadmissible. ». Une opinion que partage Jean-François Pelletier. « Bien sûr, une cotisation de l’employeur aurait été bien vue pour en faire une solution plus parfaite, mais on part de loin, il y a beaucoup d’éducation à faire », dit-il.

Considérations clés pour choix éclairé

Sur quels critères s’appuieront les chefs de PME pour choisir un régime ? « Tout doit toujours être ramené aux besoins des entreprises, et il n’y a pas de réponse unique, relativise Mme Plante. Pour un employeur cotisant, le RVER sera plus avantageux qu’un Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) assujetti à la taxe de masse salariale. Le degré de connaissances financières jouera aussi pour beaucoup, de même que la facilité de gestion. » Dernier point sur lequel M. Robert apporte d’ailleurs ceci : « Le gouvernement espère que les employeurs contribueront au RVER sur la base qu’il est plus simple à gérer. Mais, un conseiller peut proposer d’autres options, tel un régime collectif personnalisé en fonction des employés. Toute cotisation de l’employeur est fiscalement déductible. La seule différence entre le RVER et les autres régimes tient dans la taxe sur la masse salariale, ce qui pour beaucoup de PME le fera paraître comme avantageux. »

Quant au Compte d’épargne libre d’impôt (CELI), celui-ci permet de connaître exactement les sommes à disposition, note Jean-François Robert. « Si je retire 1 000 $, je sais combien il me reste. Avec des régimes imposables, RVER ou autre, le contribuable ordinaire n’a aucune idée de ce qui lui restera dans ses poches, dit-il. À ce sujet, même les spécialistes sont dans l’erreur. Si l’employeur pense à ses employés, il gardera ça en mémoire. »

RVER, CELI, RVER – des pistes pour choisir son régime

Pourquoi l’un et pas l’autre ?

Peut-on déterminer les facteurs qui amèneront à choisir un régime ou un autre ? « Afin de faire le bon choix, il faut être bien informé, Et pour l’instant, les calculs effectués ne tiennent pas compte de la fiscalité réelle, notamment en matière de catégorie d’imposition sur la première tranche de retraits et des impacts totaux, explique M. Robert. Quand on sait que le RVER sera proposé à 95 % des entreprises du Québec et à 100 % des travailleurs autonomes, ça devient important. »

« Le RVER est simple et rapide, et contient des options par défaut, ce qui risque de convenir à beaucoup de personnes sans réel savoir financier, note Mme Plante. Toutefois, les personnes au fait du monde financier risquent de trouver les options de placement du RVER limitées. »

Autre facteur déterminant : le niveau d’implication désiré. « Pour le chef de PME, la question à se poser est : est-ce que je cotise aussi, est-ce que j’encourage mes employés ? Le fait de cotiser peut certainement s’inscrire comme point fort d’une rémunération globale et constituer un atout pour attirer les talents, souligne Jean-François Pelletier. Si l’entrepreneur veut offrir des séances d’information aux employés, c’est une chose, s’il veut offrir le RVER pour se conformer à la loi, c’en est une autre. »

Le rôle déterminant du conseiller

Certaines craintes auraient été exprimées lors des premières rencontres avec des chefs d’entreprise : la possibilité de frais cachés et l’ajout de tâches administratives étant les principales. « Dans la plupart des cas, la clientèle est très peu informée, note M. Robert. Le travail du conseiller fait ici toute la différence. Les décisions qui seront prises doivent être faites en connaissance de cause. » Ce à quoi ajoute M. Pelletier : « Une fois les clients rassurés, ils se montrent plus ouverts aux possibilités. »

Dans le cas où un chef de PME s’abstiendrait des services professionnels d’un conseiller1, il reste alors à savoir dans quelles proportions les décisions seront prises selon son degré d’éducation financière personnel, et comment ces mêmes décisions auront un impact sur la retraite de leurs employés. Josée Plante à ce sujet : « Souhaitons que les chefs d’entreprise aient cette conscience de s’informer auprès d’une ressource qualifiée afin de faire les bons choix. »

RVER, CELI, RVER – des pistes pour choisir son régime

1Afin de permettre aux PME d’avoir accès à un large bassin de conseillers, le gouvernement permettra aux conseillers titulaires d’un permis lié aux produits financiers individuels d’agir à titre de conseiller collectif, et ce, jusqu’en janvier 2016.