Le gouvernement fédéral désignera un groupe de conseillers pour évaluer les options de création d’un programme pancanadien d’assurance pour les médicaments d’ordonnance.

Au cours de la prochaine année, l’ex-ministre de la Santé de l’Ontario, Eric Hoskins, présidera un conseil consultatif pour évaluer les manières de créer un programme pancanadien d’assurance médicaments. Celui-ci pourrait coûter 19 G$ par année, a déjà prévenu le directeur parlementaire du budget.

Le comité « entamera un dialogue national qui comprendra une étroite collaboration avec des experts de tous les domaines pertinents ainsi que des dirigeants nationaux, provinciaux, territoriaux et autochtones », peut-on lire dans le budget déposé mardi à Ottawa.

Environ 10 % des Canadiens n’ont pas les moyens de payer leurs médicaments d’ordonnance chaque année, selon le gouvernement libéral.

En conférence de presse, mardi, avant le dévoilement du budget, le ministre des Finances, Bill Morneau, a parlé d’un « enjeu très important », disant croire qu’il était inacceptable qu’une tranche importante de la population n’ait pas accès aux produits pharmaceutiques.

M. Morneau n’a pas donné d’échéancier pour la présentation des conclusions du comité, faisant dire à certains que les libéraux prévoient faire de l’assurance médicaments un élément central de leur campagne électorale en 2019 avec notamment l’objectif de couper l’herbe sous le pied du chef néo-démocrate Jagmeet Singh.

Réduire la pression sur les régimes collectifs

L’industrie de l’assurance a chaleureusement accueilli la création d’un tel conseil consultatif. L’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP) dit partager la volonté du gouvernement fédéral de trouver une solution pour rendre les médicaments sur ordonnance plus abordables pour tous, « en particulier pour les personnes qui ne bénéficient pas actuellement d’un régime collectif d’employeur ».

« Les bonnes solutions permettront de contrôler les coûts pour les contribuables, d’éviter que les régimes d’assurance maladie collectifs ne soient mis à risque, et d’assurer que les patients aient accès aux médicaments dont ils ont besoin, sans obstacles de coût », soutient Stephen Frank, président et chef de la direction de l’ACCAP.

Le Syndicat canadien de la fonction publique, qui milite depuis plusieurs années pour la création d’un régime universel d’assurance médicaments au pays, estime de son côté que « le temps des études est terminé » et que « le gouvernement fédéral doit maintenant prendre un engagement politique et financier concret pour que l’assurance-médicaments devienne réalité ».

Un réel engagement?

La création d’un comité consultatif marque un réel engagement du gouvernement fédéral d’aller de l’avant avec un régime pancanadien d’assurance médicaments, juge Marc-André Gagnon, professeur associé à la School of Public Policy and Administration de l’Université Carleton.

Interrogé par nos collègues de Benefits Canada, il a soutenu que la formulation utilisée dans le budget met davantage l’accent sur l’implantation que sur la simple consultation. « Selon ma compréhension, le gouvernement veut aller de l’avant avec ça. La question est de savoir quel type de régime d’assurance médicaments on souhaite mettre en place. »

Pour les employeurs, la principale préoccupation est cependant de savoir comment un régime universel pourrait affecter les régimes qu’ils offrent déjà à leurs employés. « Si on implante un régime public d’assurance médicaments pour tout le monde, cela entraînera une importante réduction des coûts dans les régimes privés d’assurance médicaments », affirme M. Gagnon.

« Quel sera l’élargissement de la couverture par rapport à ce que les régimes privés offrent à l’heure actuelle? Est-ce que les employeurs vont vouloir offrir davantage à leurs employés que ce qui sera offert par le régime public? Je ne sais pas. Nous verrons. »

Avec La Presse canadienne.