Les Canadiens paient leurs médicaments génériques bien plus cher que les habitants de la majorité des pays de l’OCDE, révèle un récent rapport du Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB).

Au dernier trimestre de 2016, les prix des médicaments génériques au Canada étaient les septièmes plus élevés parmi les pays de l’OCDE. Les prix moyens parmi les sept pays nommés dans le règlement du CEPMB (France, Italie, Suède, Suisse, Royaume-Uni et États-Unis) étaient de 11 % inférieurs à ceux du Canada, alors que les prix médians étaient de 30 % inférieurs.

S’ils avaient payé leurs médicaments génériques au prix moyen qui prévaut dans les pays de l’OCDE, les régimes publics d’assurance-médicaments canadiens auraient par exemple pu réduire leurs coûts de presque un demi-milliard de dollars, soit plus de 5 % de l’ensemble des coûts de médicaments, au cours de l’exercice 2015-2016, estime le CEPMB.

Utilisation élevée, prix élevés

Le prix des médicaments génériques demeure élevé au pays, et ce, malgré le taux élevé d’utilisation et la mise en œuvre de politiques provinciales et territoriales qui ont beaucoup réduit les prix des médicaments génériques au cours des dernières années.

En 2016, l’utilisation de médicaments génériques représentait 74 % du volume de médicaments vendus sur le marché des produits pharmaceutiques au Canada, soit la troisième part de marché la plus élevée parmi les pays de l’OCDE après les États-Unis et l’Allemagne. La même année, les Canadiens ont dépensé 165 $ par habitant en médicaments génériques, ce montant se classant au deuxième rang parmi les pays de l’OCDE après les États-Unis.

Entre 2013 et 2016, l’Alliance pancanadienne pharmaceutique a réduit le prix de 18 médicaments génériques couramment utilisés à 18 % du prix de référence des médicaments de marque. Même si les prix de ces médicaments ont baissé de 66 % au cours de la dernière décennie, leurs prix moyens à l’étranger étaient toujours de 14 % inférieurs, et les prix étrangers médians de 34 % inférieurs, au dernier trimestre de 2016.

Des données trop vieilles

L’Association canadienne du médicament générique (ACMG) soutient de son côté que les données de cette étude ne représentent pas la réalité, puisqu’elles datent de 2016. « Le rapport publié par le CEPMB ne reflète pas les prix actuels des produits pharmaceutiques génériques dans le marché canadien, pas plus qu’il ne tient compte de l’entente survenue la semaine dernière sur la réduction des prix de certains médicaments génériques », a expliqué Stephen Frank, président et chef de la direction de l’ACMG à nos collègues de Benefits Canada.

Rappelons que cette entente aura pour effet, à compter du 1er avril, de réduire de 25 à 40 % le prix de 70 médicaments génériques parmi les plus fréquemment prescrits au Canada. Cette initiative pourrait permettre aux régimes d’assurance médicaments participants d’économiser jusqu’à 3 G$ en cinq ans.

Stephen Frank ajoute que le rapport ne reflète pas non plus les coûts d’exploitation élevés pour les manufacturiers de produits au Canada, par rapport à d’autres pays. D’autres facteurs peuvent aussi influencer les prix, comme le régime de propriété intellectuelle du pays et l’environnement réglementaire « à plusieurs couches ». Selon lui, le meilleur moyen pour réduire les coûts est de faire en sorte que davantage de médicaments génériques fassent leur entrée sur le marché.