L’utilisation plus répandue des médicaments génériques pourraient être liée à une augmentation des hospitalisations, a constaté une chercheuse québécoise.

Les patients qui sont passés de la formule originale à la formule générique d’un médicament seraient plus susceptibles d’effectuer des visites à l’urgence et d’être hospitalisés que les patients qui ont continué de prendre le médicaments original. L’écart varierait de 8 à 20 % entre les deux groupes.

« Avec les données actuelles, ce n’est pas encore le temps de paniquer, mais bien le temps de lever le drapeau », a expliqué au Devoir Jacinthe Leclerc, professeure en sciences infirmières à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

La chercheuse a constaté ce lien entre la prise de médicaments génériques et les hospitalisations dans trois études de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), auxquelles elle a participé. La dernière en date a été publié en mai dernier. Elles se sont intéressées aux versions génériques du Losartan, du Valsartan et du Candésartan, des médicaments utilisés pour traiter l’hypertension et contrôler l’insuffisance cardiaque, de la warfarine, un anticoagulant, et du Clopidogrel, un antiagrégant. Plus de 500 000 patients ont été suivis dans le cadre de ces études.

« On ne peut pas ignorer les risques pour le patient, soutient Jacinthe Leclerc. Et les médecins doivent y porter une attention particulière et surtout croire leur patient quand il dit vivre des effets secondaires avec son médicament générique. »

La faute aux ingrédients inactifs?

Les études n’ont toutefois pas permis de déterminer exactement pourquoi les médicaments génériques pouvaient être liés à un plus haut taux d’hospitalisation. Jacinthe Leclerc croit que les différences dans la composition des médicaments originaux et génériques pourraient avoir un impact. En effet, si l’ingrédient actif du médicament original est reproduit à l’identique dans les versions générique, ce n’est pas le cas des ingrédients inactifs. Ces derniers pourraient donc causer des effets différents chez les patients.

Avant d’autoriser la commercialisation d’un générique, Santé Canada en mesure la biodisponibilité auprès d’un groupe d’individus. Il s’agit de la proportion de médicament qui se trouve dans le sang. L’agence gouvernementale accepte une différence de 20 % des molécules actives entre le produit générique et l’original. Jacinthe Leclerc juge que cette norme devrait être abaissée à 10 %. Elle ajoute que les génériques sont testés sur des patients en bonne santé, et que la réaction des patients malades n’est pas forcément la même.

Pour valider ses hypothèses, Jacinthe Leclerc devrait mener de nouvelles études, mais celles-ci sont très coûteuses. Santé Canada a indiqué qu’il prendra connaissance des travaux de la chercheuse, et le ministère de la Santé du Québec s’est dit intéressé par ceux-ci.

Le président de l’Ordre des pharmaciens, Bertrand Bolduc, souligne que la possibilité d’effets secondaires lors d’un changement de médicament est bien connue chez les pharmaciens, bien que plutôt rare. Il recommande aux patients de ne pas s’inquiéter trop rapidement lors d’un changement de médicament. Les symptômes ressentis peuvent aussi être liés à un changement d’alimentation, un verre de vin ou un manque de sommeil, par exemple.

Cliquez ici pour lire la réponse de l’Association canadienne du médicament générique.