Même couverts par le régime public d’assurance médicaments, des dizaines de milliers de Québécois peinent à financer l’achat de leurs ordonnances, selon une enquête maison réalisée par cinq associations coopératives d’économie familiale (ACEF).

Pour en arriver à cette conclusion, 1954 dossiers de consultation budgétaire ont été analysés par des ACEF de cinq régions du Québec. « On a jugé que 4 % des cas étaient problématiques. Quand on considère que plus de 3 millions de Québécois sont couverts par le régime public d’assurance médicaments, 4 % ça commence à faire beaucoup de monde », affirme Mélanie Rioux, conseillère budgétaire à l’ACEF de la Rive-Sud de Québec en entrevue avec Avantages.

Pas à la portée de tous

Bien que le régime public rembourse la majorité des coûts liés à l’achat de médicaments, la balance à payer reste tout de même élevée pour un bon nombre de citoyens à faible revenu.

C’est que les gens ayant un revenu annuel de 22 000 $ et plus doivent payer la prime annuelle maximale d’adhésion au régime, soit 611 $. S’ajoutent à cela une franchise mensuelle de 16,65 $ et une coassurance de 32,5 % pour les sommes excédentaires, jusqu’à concurrence de 83,83 $ par mois. Au total, la somme à débourser annuellement pour adhérer au régime et faire l’acquisition de médicaments peut s’élever à plus de 1600 $ si la contribution mensuelle maximale est atteinte tous les mois.

« Bien des gens doivent s’endetter pour payer les factures. Certaines vont même jusqu’à se priver de médicaments, ou bien à couper leur posologie en deux », déplore Mme Rioux.

Bien que l’enquête ne concerne que les individus couverts par le régime public, la conseillère budgétaire ne serait pas surprise que la même problématique existe également chez certains assurés des régimes privés.

Régime universel

Selon les ACEF, la solution réside dans l’implantation d’un régime universel d’assurance médicaments. Une telle structure permettrait de réaliser d’importantes économies grâce à l’achat regroupé des médicaments, en plus de favoriser une gestion plus efficace des coûts, croient les organismes. Ces économies pourraient contribuer à diminuer la prime annuelle de même que la contribution mensuelle maximale, soulageant ainsi le portefeuille de milliers de Québécois.

« Ça permettrait aussi d’éliminer les iniquités entre les régimes publics et privés, ajoute Mélanie Rioux. Par exemple, dans le régime public, les enfants de moins de 18 ans bénéficient de la gratuité, alors que dans les régimes privés, les assurés doivent payer une prime familiale. »

Mme Rioux concède qu’il reste bien des questions à étudier avant d’en arriver à la mise en place d’un tel régime, mais est d’avis que des discussions doivent être amorcées sur le sujet. « Ce qu’on veut, c’est amener le débat en démontrant au gouvernement que le système actuel comporte de nombreuses failles. »

Environ 45 % des Québécois sont couverts par le régime public d’assurance médicaments.

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