Les mesures de conciliation travail-famille mises en place par les employeurs sont plus largement utilisées par les femmes que les hommes. La peur du jugement n’est pas étrangère à cette réalité.

Selon un sondage Léger réalisé en novembre dernier pour le compte de l’initiative Concilivi, 49 % des quelque 1 000 employeurs québécois interrogés indiquent que les mesures de conciliation famille-travail offertes dans leur organisation sont utilisées autant par les hommes que les femmes. Cela dit, 34 % admettent qu’elles le sont surtout par les femmes.

Cette observation a été validée par un autre sondage mené en janvier par la firme SOM pour le Regroupement pour la valorisation de la paternité. Dans une proportion de 38 %, les 1 042 pères québécois d’enfants de moins de 18 ans ont estimé que les mesures de conciliation travail-famille sont surtout utilisées par les femmes dans leur milieu de travail.

Peur d’être jugés

S’il est aujourd’hui bien vu pour les mères de bénéficier des mesures de conciliation travail-famille qui leur sont offertes, il en est autrement pour les pères. Ainsi 23 % des hommes craignent d’être jugés par leur supérieur s’ils demandaient de bénéficier de telles mesures. Le principal frein demeure toutefois la perte de revenu associée à l’utilisation de certaines mesures comme les congés sans salaire (42 %).

L’importance accordée aux normes et aux attentes en milieu de travail compte aussi parmi les principaux obstacles mentionnés (23 %). Du côté des employeurs interrogés par Léger, on pointe également le manque de valorisation du rôle du père quant aux responsabilités et à la vie familiale parmi les obstacles importants (22 %).

« Les pères sont encore peu présents dans les politiques publiques et les services de soutien aux familles, et cela se répercute sur la valorisation de leur rôle dans la société. Les milieux de travail, et particulièrement ceux à prédominance masculine, n’ont pas tous le réflexe de se dire que la conciliation famille-travail, ça concerne aussi leurs travailleurs masculins », commente Raymond Villeneuve, directeur général du Regroupement pour la valorisation de la paternité.

Malgré tout, les pères apprécient grandement les mesures de conciliation travail-famille. Ainsi, 88 % d’entre eux indiquent que leur mise en place a un effet positif sur leur satisfaction en tant qu’employés. La même proportion (88 %) affirme que ces mesures les incitent à demeurer plus longtemps chez le même employeur, et 62 % disent être prêts à changer d’emploi pour obtenir de meilleures conditions à cet égard.

Selon les pères interrogés, la présence de meilleures compensations financières (50 %), une meilleure communication des mesures offertes (35 %), des congés de paternité réservés aux pères (27 %) et une plus grande formalisation des mesures offertes (26 %) comptent parmi les incitatifs jugés les plus intéressants.