Les besoins en matière de conciliation travail-famille seront criants au cours des prochains mois, et les employeurs devront agir pour éviter l’exode de leurs employés, selon un sondage Léger réalisé pour le Réseau pour un Québec Famille.

Les quelque 3 006 travailleurs québécois parent ou proches aidants sondés à la mi-mai indiquent dans une proportion de 39 % qu’ils auront besoin d’accommodements plus fréquents de la part de leur employeur comparativement à la situation qui prévalait avant la crise de la COVID-19.

Les employeurs ne doivent d’ailleurs pas prendre les demandes de leurs employés à la légère : 53 % d’entre eux se disent prêts à changer d’emploi si une entreprise leur offre un meilleur équilibre travail-vie personnelle.

Pas moins de 87 % des travailleurs sondés disent que l’ouverture de leur employeur en la matière a un impact important sur leur satisfaction au travail, 85 % sur leur motivation, 83 % sur leur perception générale de leur employeur et 80 % sur leur propension à rester plus longtemps à son emploi.

« Afin de participer activement et efficacement à une relance harmonieuse du travail amorcée avec le déconfinement, il faut maintenant que le plus grand nombre d’entreprises mettent en œuvre les mesures de conciliation travail-famille susceptibles de rassurer leurs employés qui ont des responsabilités familiales dans le contexte d’incertitude actuel », commente la directrice générale du Réseau pour un Québec Famille, Marie Rhéaume.

Selon elle, la crise a créé de nouvelles difficultés pour les familles, et celles-ci ne disparaitront pas du jour au lendemain. Ces difficultés forceront les employeurs à adapter les conditions de travail de leurs employés. Le sondage indique que 34 % des travailleurs québécois trouvent plus difficile de concilier famille et travail depuis le début de la crise. Résultat, 60 % considèrent que leur productivité au travail a été affecté négativement.

Point plus positif, 87 % des répondants jugent que leur employeur s’est montré compréhensif de leur situation personnelle et familiale au cours des derniers mois.

Simplifier le retour au travail

Les résultats du sondage suggèrent que les employeurs ont un important rôle à jouer pour rassurer leurs employés lorsqu’ils réintègrent le lieu de travail.

C’est que 44 % des Québécois qui sont en télétravail ou qui ont été mis à pied temporairement sont inquiets à l’idée de reprendre le travail ou de retourner sur le lieu habituel de travail. Les principales raisons pour lesquelles ces répondants sont inquiets sont la crainte d’être contaminé par le virus (78 %), l’impact des mesures de santé publique sur la façon de travailler (53 %) et leur capacité à concilier famille et travail compte tenu de leurs nouvelles réalités familiales liées au confinement (34 %).

Un peu moins de la moitié des répondants (46 %) disent qu’ils pourraient reprendre le travail avec les mêmes conditions de conciliation travail-famille qu’avant la crise, mais une proportion presque identique (47 %) de travailleurs affirment qu’ils auraient besoin de davantage d’accommodements.

Les mesures que les employés considèrent les plus utiles sont un horaire de travail flexible (79 %), avoir la possibilité de retourner à la maison rapidement en cas de besoin (77 %), avoir la possibilité d’interrompre le travail pour une certaine période (74 %) et la disponibilité d’un plus grand nombre de congés payés pour obligations familiales (73 %).

D’autres mesures ont été évoquées par un nombre plus restreint d’employés, notamment un service de répit temporaire où ils pourraient envoyer leurs enfants (35 %), des mesures d’adaptation de l’organisation comme la rotation des horaires ou le droit à la déconnexion (48 %) et davantage de congés non payés pour obligations familiales (48 %).

Le besoin d’un meilleur équilibre travail-famille semble si criant chez les travailleurs québécois que 31 % seraient prêts à accepter une réduction de salaire en échange de meilleures mesures.

Finalement, une grande majorité des répondants (79 %) considèrent qu’il est important pour eux que les mesures de conciliation travail-famille qui leur sont offerts soient formalisées, c’est-à-dire clairement définies, écrites et diffusées à tout le personnel.

Subventions de Québec

En marge du dévoilement du sondage, le ministère de la Famille a annoncé l’octroi de deux subventions à des organismes communautaires dans le but de faciliter la conciliation travail-famille-études.

Ainsi, une subvention maximale de 600 000 $ sera donnée sur quatre ans au Réseau pour un Québec famille, pour son programme de reconnaissance conciliation famille-travail destiné aux employeurs.

Ce programme permet de décerner un sceau distinctif à certains employeurs, le sceau Concilivi, pour reconnaître la qualité de leurs pratiques en la matière, a indiqué lundi le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, en conférence de presse à Montréal.

De plus, une subvention de 300 000 $ sur deux ans est donnée à la Fédération québécoise des organismes communautaires famille pour mieux informer et outiller les parents afin qu’ils se prévalent des mesures déjà en place.

« Il y a une nouvelle culture de conciliation famille-travail-études qui s’installe au Québec et, si ce n’est pas le cas, il faut qu’une nouvelle culture famille-travail-études s’installe, pour répondre aux besoins des familles et des employeurs », a plaidé le ministre Lacombe.

Avec La Presse canadienne