Les employeurs québécois sont toujours plus nombreux à offrir des mesures formelles de conciliation travail-famille, mais celles-ci ne sont pas toujours suffisantes, surtout dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre, jugent les employés.
Un employeur sur cinq (21 %) a implanté des mesures formalisées pour aider ses employés à concilier leur vie professionnelle et personnelle, en hausse par rapport à 2021 (18 %) et 2020 (15 %), selon un sondage Léger mené en novembre dernier pour l’organisme Concilivi.
Même si beaucoup d’employeurs offrent des mesures de conciliation de façon ponctuelle, 82 % des employés indiquent que la formalisation de ses mesures est importante pour eux.
Dans l’édition précédente de 2021, 24 % des employeurs affirmaient qu’ils ne voyaient tout simplement pas la nécessité de mettre en œuvre des mesures formelles de CFT, une proportion qui est passée à 17 % en 2022.
« L’impression qui s’en dégage est que la conciliation travail-famille s’est imposée comme une norme sociale. Pour les employés, c’est même devenu dans 90 % des cas l’un des trois plus importants critères dans le choix d’un emploi. Les employés ont des attentes, que les employeurs doivent satisfaire, surtout dans ce contexte de pénurie de main-d’œuvre », soutient Diane-Gabrielle Tremblay, professeure à l’École de gestion de l’université TELUQ, qui a participé à la conception du sondage.
Selon les employeurs, les principaux effets positifs des mesures de conciliation travail-famille sont la satisfaction et la motivation accrue des employés (44 %), l’amélioration du climat de travail (39 %), l’amélioration de la qualité du travail (32 %) et la baisse de l’absentéisme (23 %).
Un peu plus du tiers des employeurs jugent que les mesures de conciliation travail-famille sont surtout utilisées par les femmes, alors que 42 % estiment qu’elles sont utilisées également par les hommes et les femmes. Seulement 4 % disent qu’elles sont surtout utilisées par les hommes.
La pénurie de main-d’œuvre a du bon… et du moins bon
Le contexte de pénurie de main-d’œuvre a une incidence positive sur la portée des mesures de conciliation travail-famille, mais du même coup, il en complique parfois l’application. Afin de se démarquer de leurs concurrents, 68 % des employeurs sondés affirment avoir dû adapter ou bonifier leur offre en la matière.
Les mesures liées à la flexibilité dans la prestation de travail arrivent en tête de lice des bonifications adoptées pour être plus compétitif : une plus grande flexibilité dans les horaires de travail (39 %), une plus grande flexibilité dans le nombre d’heures de travail (31 %) et la possibilité de faire du télétravail (29 %).
En revanche, 53 % des employeurs et 61 % des employés estiment que la charge de travail accrue causée par le manque de personnel et la pression plus grande pour ne pas s’absenter réduit l’accès aux mesures de conciliation travail-famille.
Il semble donc que les employeurs soient pris dans un dilemme, puisqu’ils jugent dans une importante majorité (76 %) que les mesures de conciliation ont des impacts positifs sur les employés quant à leur satisfaction ou motivation, l’amélioration du climat de travail ou encore l’amélioration de la qualité du travail.
Le manque de temps ou de ressources (26 %) et la peur que les employés abusent des mesures déployées (19 %) trônent au sommet des obstacles à la mise en place de mesures formelles de conciliation travail-famille par les employeurs. Près des trois quarts des répondants affirment qu’une aide gouvernementale sous forme de subvention les inciterait à réaliser une démarche pour implanter ou formaliser des mesures de conciliation.
Les changements au RQAP bien accueillis
Les employeurs se disent dans l’ensemble satisfaits des nouvelles mesures de conciliation travail-famille qui ont été mises en place progressivement depuis octobre 2020 dans le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP).
Par exemple, 75 % des employeurs affirment que la nouvelle mesure de revenus concurrents, qui permet de cumuler des prestations et des revenus de travail jusqu’à 100 % de son revenu hebdomadaire moyen admissible, est bien adaptée aux besoins du marché du travail, comparativement à 73 % l’an dernier.
La mesure relative au prolongement de la période à l’intérieur de laquelle les prestations de paternité, les prestations parentales et les prestations d’adoption peuvent être perçues reçoit aussi l’appui de 74 % des employeurs. Cette période est passée de 52 à 78 semaines. C’est un écart positif important de six points de pourcentage comparativement à 2021, où 68 % des répondants soutenaient la mesure.
Finalement, 73 % des employeurs appuient la nouvelle mesure relative à l’ajout de semaines supplémentaires de prestations lorsque les parents partagent entre eux un minimum de semaines de prestations parentales ou de prestations d’adoption.