Un nombre grandissant d’employés disent ressentir de la pression de la part de leur employeur pour demeurer connectés et joignables en dehors des heures de travail. Une réalité qui inquiète l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA).

L’évolution technologique a certes permis aux organisations et aux travailleurs de gagner en flexibilité, mais elle tend du même coup à effacer la frontière entre la vie professionnelle et la vie personnelle.

Ainsi, selon un sondage CROP-CRHA, 36 % des employés mentionnent que leur employeur leur demande de rester connectés ou joignables en dehors des heures normales de travail, alors que 50 % disent ressentir une pression officieuse pour rester connectés en permanence. Chez les jeunes travailleurs, cette proportion grimpe à 62 %.

Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des CRHA, estime cependant que pour certains travailleurs, cette pression proviendrait en grande partie d’eux-mêmes. « Si on se met cette pression sur les épaules, c’est qu’on estime que répondre rapidement et être joignable en tout temps est socialement valorisé. »

Établir un cadre

Les effets de l’hyperconnectivité sur la santé des employés demeure encore flous, mais de nombreux spécialistes se montrent inquiets face aux troubles musculosquelettiques, troubles du sommeil, stress, anxiété, détresse psychologique et isolement qui sont potentiellement liés au fait de ne jamais pouvoir se déconnecter totalement.

« Afin de préserver la santé des travailleurs, et par conséquent leur productivité à long terme, il est nécessaire qu’ils bénéficient de moments où ils sont complètement déconnectés du travail. Cette distanciation est essentielle pour refaire le plein d’énergie et maintenir un équilibre sain entre les différentes sphères de leur vie », souligne Mme Poirier.

Pour optimiser la productivité tout en assurant un climat de travail sain, l’Ordre des CRHA conseille aux employeurs d’instaurer un cadre clair concernant la connectivité à l’extérieur des heures normales de travail. Ce cadre, réalisé idéalement de concert avec les travailleurs, peut autant prôner une limitation de la connexion qu’une flexibilité absolue.

Pas que du mauvais

Si les outils technologiques permettant de travailler à distance peuvent avoir un impact négatif sur la santé des employés, ils procurent aussi une foule d’avantages, notamment une gestion plus agile et flexible des horaires et une meilleure conciliation travail-vie personnelle.

Près du tiers des travailleurs (31 %) affirment que leur employeur leur fournit ou leur rembourse l’utilisation d’outils numériques (cellulaire, ordinateur portable, etc.).

Pour les employeurs, le travail à distance permet de s’adapter au contexte de mondialisation et de compétitivité grandissantes et d’améliorer le pouvoir d’attraction et de rétention à une période où le manque de main-d’œuvre se fait sérieusement ressentir, note l’Ordre des CRHA.