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Un nouveau rapport publié par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) indique que les dépenses totales en médicaments au Canada ont connu une hausse de 5,1 % en 2009, soit le taux de croissance annuelle le plus bas observé depuis plus de 10 ans. En dollars, cela représente quelque 1,5 milliards de plus qu’en 2008, pour ainsi atteindre des dépenses totales de 30 milliards de dollars en 2009.

D’après le rapport de l’ICIS, les médicaments prescrits demeurent la source principale (85 %) de dépenses en médicaments au Canada, leur taux de croissance étant près du double de celui des médicaments non prescrits en 2009 (taux de croissance annuelle respectif estimé à 5,6 % et de 2,1 %). Les dépenses en médicaments prescrits ont toutefois considérablement diminué depuis le début des années 2000; leur taux de croissance annuelle atteignait alors les deux chiffres.

« Les dépenses en produits pharmaceutiques restent l’un des principaux postes du total des dépenses en santé depuis 20 ans », explique Michael Hunt, directeur du Service d’information sur les produits pharmaceutiques et la main-d’œuvre de la santé à l’ICIS. « Les dépenses totales en médicaments montrent toutefois des signes de ralentissement actuellement et devraient connaître leur plus faible croissance en 10 ans. »

En 2009, les médicaments occupaient le deuxième rang des principales catégories de dépenses en santé, après les hôpitaux, avec une part estimée à 16,4 % de la facture totale des soins de santé au Canada.

L’impact du secteur privé
Au cours des 20 dernières années, le ratio des dépenses en médicaments prescrits des secteurs public et privé est demeuré relativement stable au Canada, environ 45 % de la facture totale étant payée par le secteur public et 55 %, par le secteur privé. Cependant, au cours des quatre dernières années, le taux de croissance des dépenses en médicaments prescrits dans le secteur privé a dépassé celui du secteur public. On estime que les dépenses en médicaments prescrits du secteur privé ont atteint 14 milliards de dollars en 2009, ce qui représente un taux de croissance annuelle de 7,0 %, alors que celles du secteur public devraient se chiffrer à 11,4 milliards en 2009, pour un taux de croissance de 4,0 %.

« Les changements économiques, comme ceux que nous avons connus au cours des dernières années, peuvent avoir des répercussions sur les dépenses publiques et privées en médicaments », de dire Michael Gaucher, gestionnaire de la Division pharmaceutique de l’ICIS. « Il importe de continuer de surveiller l’incidence des facteurs économiques sur les dépenses en médicaments des secteurs public et privé, incluant les dépenses directes en médicaments. »

Le Canada au sommet des pays de l’OCDE
Le Canada s’est classé au deuxième rang quant au total des dépenses en médicaments par habitant (médicaments prescrits et non prescrits) parmi les 23 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ayant des systèmes d’information sur la santé semblables à celui du Canada en 2007 (selon les dernières données disponibles). Cette même année, les États-Unis affichaient les dépenses les plus élevées par habitant (1 062 $), suivis du Canada (836 $) et de la France (711 $); le rang du Canada est demeuré stable au cours des dernières années.

En 2007, le Canada se situait sous la médiane des pays de l’OCDE pour ce qui est de la proportion des dépenses totales en médicaments financées par le secteur public. La part publique des dépenses totales en médicaments au Canada s’élevait à 38,0 %, la médiane des pays de l’OCDE se situant à 56,3 %. Parmi les 23 pays de comparaison de l’OCDE, c’est en Allemagne (75,9 %) que la part des dépenses totales en médicaments financées par le secteur public était la plus élevée, l’Espagne (72,6 %) se classant au deuxième rang. L’Allemagne est également le pays qui affichait le niveau le plus élevé de dépenses publiques en médicaments par habitant, soit 497 $ comparativement à 318 $ pour le Canada.

« Au chapitre des dépenses par habitant, les comparaisons à l’échelle internationale nous révèlent que le Canada compte systématiquement parmi les pays développés qui affichent le niveau le plus élevé de dépenses », ajoute M. Gaucher. « Il faut toutefois noter qu’à la différence du modèle européen, la majeure partie de nos dépenses en médicaments sont financées par le secteur privé. »

Le Québec au 3e rang au Canada
Le rapport de l’ICIS révèle des variations entre provinces et territoires dans le montant et le taux de croissance des dépenses en médicaments prescrits. Terre-Neuve-et-Labrador se classait au premier rang en matière de dépenses en médicaments prescrits par habitant (estimées à 908 $), suivie de la Nouvelle-Écosse (903 $) et du Québec (879 $); la moyenne nationale était de 756 $ par personne. La Colombie-Britannique et l’Alberta affichaient les niveaux les plus bas, à 596 $ et 633 $ respectivement.

On a également constaté d’importantes variations entre les provinces quant au pourcentage des dépenses totales en médicaments prescrits financées par le secteur public, qui allaient de 31,8 % à Terre-Neuve-et-Labrador et 33,6 % au Nouveau-Brunswick à 49,0 % au Québec et 54,5 % en Saskatchewan. La moyenne nationale des dépenses totales en médicaments prescrits assumées par le secteur public est de 45,0 %. Les dépenses publiques en médicaments prescrits par habitant oscillaient entre des sommets de 431 $ au Québec et de 397 $ en Saskatchewan et des creux de 269 $ au Nouveau-Brunswick, de 264 $ à l’Île-du-Prince-Édouard et de 250 $ en Colombie-Britannique.

Un certain nombre de facteurs peuvent influer sur les variations en matière de dépenses, incluant les différences entre les régimes fédéraux, provinciaux et territoriaux de subvention des médicaments, les écarts quant à la répartition selon l’âge et les tendances relatives aux maladies ainsi que les différences au chapitre de la prestation des soins de santé.