Les travailleurs de nuit sont plus susceptibles de souffrir de problèmes de mémoire et du déclin de certaines fonctions cérébrales, selon une étude autrichienne publiée dans la revue Occupational and Environmental Medicine.

Le travail de nuit serait ainsi associé à une baisse de la vigilance et de la concentration visuelle, ainsi qu’à une diminution de la capacité à contrôler ses impulsions et à réagir à une situation donnée.

Résultat, le risque d’erreurs ou même de blessures est potentiellement plus élevé pour les travailleurs de nuit, particulièrement dans les professions à haut risque et sensibles à la sécurité.

Pour en venir à ces conclusions, les chercheurs ont analysé les données provenant de 18 études et rassemblant au total plus de 18 000 participants. Cinq des études comparaient les travailleurs en équipes fixes avec ceux travaillant selon des horaires de bureau normaux, tandis que 11 comparaient les travailleurs en équipes rotatives avec ceux travaillant selon des horaires de bureau normaux. Deux études ne précisaient pas le type d’équipe étudié. La moitié des études portait sur les professionnels de la santé, tandis que l’autre moitié se concentrait sur d’autres professions, comme les policiers.

Les chercheurs ont constaté que les travailleurs de nuit obtiennent de moins bons résultats aux tests conçus pour mesurer la réponse aux impulsions, la réponse situationnelle et les capacités de prise de décision. Ils ont aussi obtenu des résultats légèrement inférieurs à ceux des travailleurs de jour aux tests évaluant la vitesse de traitement du cerveau, la mémoire de travail, la vigilance et la capacité à filtrer des indices visuels jugés sans importance.

Le rythme circadien en cause

La diminution de certaines fonctions cérébrales chez les travailleurs de nuit serait causée par le décalage du cycle normal lumière-obscurité, ce qui dérègle l’horloge interne de ces travailleurs, ou cycle circadien.

L’interférence avec le rythme circadien affecte la production des hormones qui le régissent, comme le cortisol et la mélatonine, ce qui a un impact sur la réponse au stress et la santé mentale et physique.

Les employeurs qui embauchent des travailleurs de nuit devraient donc s’assurer de mettre en place des mesures permettant de limiter les inconvénients sur la santé liés à cet horaire de travail, notamment des périodes de sieste programmées, des plans de récupération et un suivi régulier des employés.

L’étude note également qu’une bonne gestion des habitudes de sommeil, un régime alimentaire sain et une exposition contrôlée à la lumière pendant et après le travail peuvent contribuer à minimiser les risques.

Plusieurs études antérieures ont établi un lien entre le travail de nuit ou part quart et les problèmes de sommeil et d’autres complications graves pour la santé, notamment les maladies cardiaques, l’obésité, le diabète, les troubles de l’humeur et la toxicomanie.