Les employeurs canadiens prévoient offrir des augmentations salariales moyennes de 2,6 % l’an prochain, selon l’enquête annuelle Tendances en ressources humaines de Morneau Shepell.

Ceux-ci sont également préoccupés par la rareté de la main-d’œuvre, la retraite de leurs employés, ainsi que par la légalisation du cannabis et le mouvement #MoiAussi.

Les augmentations salariales envisagées varient d’une province à l’autre et en fonction du secteur d’activité. Au Québec, elles devraient se situer dans la moyenne nationale, soit 2,6 %. Cela équivaut au taux d’inflation actuel, signale l’entreprise spécialisée en ressources humaines.

Parmi les secteurs d’activité où les augmentations seront les plus fortes, on retrouve les services immobiliers et de location (3,8 %), les services professionnels, scientifiques et techniques (3 %) et les services d’éducation (3 %). Ceux où elles seront les plus faibles sont l’information et la culture (1,5 %) et la santé et les services sociaux (1,7 %).

« Les employeurs demeurent relativement confiants quant aux attentes relatives à la rémunération pour l’an prochain, indique Anand Parsan, vice-président services-conseils en rémunération chez Morneau Shepell. Devant cet optimisme et un marché de l’emploi tendu, les employeurs restent tout de même circonspects quant aux augmentations salariales, peut-être parce qu’ils craignent un plus grand protectionnisme commercial, une hausse des taux d’intérêt et une économie canadienne qui fonctionne pratiquement au maximum de sa capacité. »

MISER SUR L’ENGAGEMENT DES EMPLOYÉS

Au-delà des salaires, les employeurs doivent s’attarder à l’ensemble des conditions de travail de leurs employés compte tenu de la rareté de la main-d’œuvre. Pas étonnant que 67 % des employeurs disent vouloir améliorer l’engagement des employés, que 59 % veulent attirer et fidéliser des travailleurs possédant de bonnes compétences et que 43 % souhaitent réduire le roulement du personnel.

« Compte tenu du marché de l’emploi tendu et du vieillissement de la population, les employeurs ont plus de difficulté que jamais à attirer, à retenir et à motiver leurs employés, note M. Parsan. Puisque les fonds qu’ils peuvent consacrer aux augmentations salariales sont limités, les employeurs doivent prendre du recul et examiner leur situation dans son ensemble. Des éléments comme les horaires flexibles, la santé et le mieux-être, l’accompagnement et le mentorat, les possibilités d’apprentissage et d’avancement, et les programmes de reconnaissance pourraient leur permettre de gagner la guerre du recrutement. »

LES EMPLOYÉS MAL PRÉPARÉS POUR LA RETRAITE

Par ailleurs, près des trois quarts des dirigeants se disent inquiets quant à l’état de préparation financière de leurs employés pour la retraite.

« Alors que les entreprises dépendent de plus en plus de la technologie, la gamme de solutions explorées pour faciliter la transition des employés vers la retraite a changé avec les années », indique Morneau Shepell dans son enquête. Pour 2019, les dirigeants prévoient offrir du matériel de formation et des séminaires plus pertinents (90 %) et des outils en ligne de planification de la retraite (87 %).

Les bonifications apportées au Régime de pensions du Canada et au Régime de rentes du Québec, qui entreront en vigueur le 1er janvier 2019, commencent également à préoccuper les employeurs. « Environ 22 % d’entre eux vont soit modifier leur régime de retraite à cotisation déterminée, soit en changer la structure dans les 12 à 18 prochains mois », souligne l’enquête.

SE PRÉPARER POUR LA LÉGALISATION DU CANNABIS

Avec la légalisation prochaine du cannabis, 52 % des dirigeants ont indiqué qu’ils prévoient mettre à jour leurs politiques relatives à la consommation de drogues et d’alcool dans un horizon de 12 à 18 mois. Un peu moins de la moitié des répondants comptent offrir de la formation aux gestionnaires à ce sujet.

« Le plus grand problème que les employeurs devront résoudre […] sera de déterminer comment ils appliqueront les politiques et processus liés à l’affaiblissement des facultés au travail et feront la distinction entre un usage récréatif et un usage médical, explique Paula Allen, vice-présidente recherche et solutions intégratives chez Morneau Shepell. Il faut former les gestionnaires efficacement. Il faut également informer les employés. Il y a une grande méconnaissance quant au cannabis, ce qui entraîne une sous-estimation du risque pour la santé et le bien-être personnel dans certaines situations. »

Quant au mouvement #MoiAussi, la majorité des employeurs disent avoir des processus pour composer avec les situations d’inconduite sexuelle. « Même s’ils ont des processus en place en matière d’inconduite sexuelle […] les employeurs cherchent des moyens de former les gestionnaires et de leur donner les outils appropriés pour parler de cet enjeu avec les employés », constate Mme Allen.