Les travailleurs canadiens se sont absentés bien plus souvent depuis le début de la pandémie, alors que la morosité ambiante accentue les départs massifs dans certains secteurs d’activité, révèle un rapport du Conference Board du Canada.

Les employés se sont ainsi absentés en moyenne 6,2 jours en 2020-2021, comparativement à 5,1 jours en 2019-2020. Mais l’imposition du télétravail forcée dans de nombreux secteurs d’activité a sans doute pour effet de sous-estimer ce portrait.

Coincés à la maison et n’ayant pas à se rendre sur leur lieu de travail, bien des travailleurs ont probablement fait du présentéisme plutôt que déclarer officiellement leur absence, note le Conference Board. En effet, dans les secteurs d’activité où le télétravail n’est pas possible, notamment les soins de santé et l’assistance sociale, les taux d’absentéisme ont grimpé de façon notable.

En revanche, dans le secteur de l’administration publique, essentiellement en télétravail depuis le début de la pandémie, les chiffres officiels font plutôt état d’une diminution du taux d’absentéisme. Tout indique donc que chez les employés en télétravail, l’absentéisme s’est transformé en présentéisme, ce qui n’est en rien plus rassurant pour les employeurs.

Le rapport note également un écart important entre le taux d’absentéisme dans les grandes organisations de plus de 5 000 employés (11,2 jours) et les organisations plus petites (7 jours).

Les départs à la retraite moins nombreux… pour l’instant

Le Conference Board note que le taux de départ à la retraite est plus faible que prévu, à 1,4 %, alors que les prévisions des organisations se chiffraient à 3 %. N’empêche, avec 22 % de l’effectif actuel admissible à la retraite au cours des cinq prochaines années, une proportion « alarmante » selon le Conference Board, les départs seront très nombreux dans toutes les organisations. Les employeurs doivent donc adopter de « solides plans de relève et encourager les employés admissibles à la retraite et qui ont le meilleur rendement à demeurer en poste. »

Il n’y a pas que les employés près de la retraite qui quittent massivement leur poste. Le taux de roulement volontaire pour 2020-2021 s’est accentué pour s’établir à 9,1 %, alors qu’il était de 7 % en 2019-2020. Le roulement du personnel présente un risque dans le milieu de la santé et dans les industries fondées sur le savoir, ainsi que pour les employés professionnels de tous les secteurs de l’économie, souligne le Conference Board.

Pour tenter de maintenir en poste des employés de plus en plus nombreux à réfléchir à leurs choix professionnels, les employeurs mettent en œuvre diverses mesures comme des hausses salariales, une amélioration de l’image de marque employeur, une approche plus holistique en matière de régimes de soins de santé et un accroissement de leur responsabilité sociale d’entreprise.

« Il est important de mesurer les répercussions de la pandémie sur la santé mentale des employés, affirme Lauren Florko, associée de recherche principale, capital humain, au Conference Board du Canada. Ces difficultés amènent les employés à réfléchir à leurs choix professionnels et entraînent une hausse de l’absentéisme et du roulement du personnel, des facteurs susceptibles de provoquer des départs massifs. »

Le taux de roulement involontaire c’est-à-dire les départs d’employés à l’initiative de l’employeur (congédiements, etc.), a lui aussi légèrement augmenté depuis le début de la pandémie, passant de 5 % en 20219-2020 à 5,9 % en 2020-2021.