Les employés qui ont des horaires atypiques comme des quarts de travail de soir, de fin de semaine ou rotatifs sont plus à risque de souffrir de symptômes dépressifs et d’épuisement professionnel… et de vivre des conflits familiaux.

Une des principales raisons qui expliquent un tel constat est que les parents de jeunes enfants travaillant selon un horaire atypique ont moins accès aux mesures de conciliation travail-famille que les parents ayant des horaires plus réguliers, révèle une étude dirigée par le professeur Victor Haines de l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal.

« Ces personnes rapportent aussi un moins grand soutien social à l’extérieur de leur milieu de travail, indique le chercheur. Cela entraîne davantage de conflits travail-famille et des tensions plus graves, dont découlent une qualité moindre du rôle de parent et plus de problèmes de santé. » Ces conflits familiaux peuvent altérer tant la stabilité du couple que la qualité de la relation parentale, ajoute-t-il.

Plus du quart des travailleurs concerné

Pour les besoins de l’étude, les chercheurs ont porté leur attention sur les réponses de 9150 parents ayant un emploi rémunéré. Parmi ces répondants, 29 % travaillaient selon un horaire atypique au moment de l’enquête.

De nombreuses variables ont été prises en compte, comme l’âge, la scolarité, le statut matrimonial, le nombre d’heures travaillées, le revenu et la santé perçue par les parents participants. Dans la plupart des cas, la conclusion demeurait la même : les employés travaillant selon des horaires atypiques sont plus à risque de vivre des conflits familiaux.

« L’information recueillie nous a surtout permis de mesurer la qualité relationnelle, les tensions ressenties et la qualité du rôle parental, explique M. Haines. Ce dernier point était évalué selon divers comportements parentaux reflétant soit le soutien et l’engagement, soit l’hostilité et la coercition. »

Considérant qu’en moyenne le quart de la main-d’œuvre est soumise à des horaires atypiques en Occident, Victor Haines et son équipe ont suggéré quelques pistes de solutions pour les employeurs et les travailleurs.

« Les employeurs doivent songer à mettre en place des mesures de soutien pour les gens dont les horaires de travail sont atypiques afin qu’ils puissent planifier leurs temps et ainsi réduire le risque de conflit, soutiennent les chercheurs. En outre, ces travailleurs doivent pouvoir compter sur leur famille et leurs amis pour obtenir davantage de soutien. »

Selon Victor Haines, la pandémie a permis de révéler le travail effectué par bon nombre de personnes en dehors des horaires normaux. Il espère que cela entraînera une réflexion « au-delà du spectre économique » sur les horaires atypiques, et à une éventuelle redéfinition du cadre du travail et des horaires.