Une calculatrice et un stéthoscope
pogonici - 123RF

Près de la moitié de ceux qui ont recours aux prestations fédérales de maladie ne sont pas en mesure de reprendre le travail quand elles expirent après 15 semaines, révèle une enquête interne menée par le gouvernement auprès des prestataires.

Des documents récemment publiés détaillent les résultats d’un sondage mené auprès des personnes qui ont demandé (ou pas) des prestations de maladie. L’enquête démontre que 48,6 % de ceux qui ont reçu des prestations ont déclaré être incapables de travailler pendant 15 semaines ou plus.

Les fonctionnaires qui ont examiné ces chiffres notent, dans une présentation faite en octobre, que ce pourcentage pourrait inclure des personnes qui ne sont jamais retournées au travail.

Les bénéficiaires de prestations sont le plus souvent retournés au travail après de 15 à 30 semaines, tandis que 15 % des prestataires ne sont pas retournés au travail pendant plus d’un an, indique la présentation obtenue par La Presse canadienne en vertu de la Loi sur l’accès à l’information.

L’enquête a été l’une des premières recherches effectuées dans le cadre d’un examen exhaustif de ces prestations, qui n’ont pas été actualisées depuis leur introduction en 1971.

Les défenseurs disent que les chiffres témoignent de la pertinence d’un effort de plusieurs années, récemment renouvelé à la Chambre des communes, pour élargir le programme et fournir plus de semaines de paiements.

À la fin de la semaine dernière, le député libéral Mark Eyking a lancé la dernière itération au début du débat sur sa motion demandant à un comité de députés d’étudier la prolongation des prestations au-delà de 15 semaines.

Lors du débat qui a eu lieu à la Chambre des communes jeudi, M. Eyking a soutenu que l’augmentation du nombre de semaines ne signifiait pas que les Canadiens utiliseraient toutes ces semaines. C’était simplement une option, a-t-il dit.

La motion semble avoir l’appui de plusieurs partis, mais les néo-démocrates, qui ont poussé les libéraux à défendre le dossier, ont réprimandé le gouvernement pour son inaction.

Les indemnités de maladie sont les seules prestations spéciales de l’assurance-emploi que les libéraux n’ont pas modifiées depuis leur arrivée au pouvoir en 2015, bien qu’ils aient appuyé les précédentes propositions d’extension des prestations.

Marie-Hélène Dubé, qui milite pour le changement depuis une décennie, explique que les prestations de maladie devaient correspondre à la réalité d’aujourd’hui, où les personnes atteintes de cancer, par exemple, ont besoin de plus de 15 semaines avant d’être suffisamment en bonne santé pour retourner au travail.

« Cela permettrait à des milliers de Canadiens de bien se soigner et de redevenir des citoyens actifs de la société, a déclaré Mme Dubé, une survivante du cancer qui a lancé la campagne « 15semaines ». Maintenir cette loi inadéquate en place coûte cher à la société. »

En 2017, près de quatre bénéficiaires sur dix ont plafonné leurs prestations, un taux qui est resté relativement stable au cours des cinq dernières années.

Les documents obtenus par La Presse canadienne révèlent que plus de demandeurs que de non-demandeurs ont affirmé avoir un « un revenu insuffisant pour couvrir les frais de subsistance pendant un congé de maladie ».

Les participants à l’enquête d’Emploi et Développement social Canada ont plus de 45 ans, ce qui, selon les responsables, pourrait avoir une incidence sur les résultats. Les chiffres sur l’utilisation des prestations ont montré que plus le demandeur est âgé, plus il a généralement besoin de prestations.

La présentation d’octobre indique que la plupart des maladies ou des blessures ne sont pas liées au travail. Près de quatre participants sur cinq ont mentionné un état physique pour leur incapacité à travailler, tandis qu’un peu moins d’un sur cinq ont mentionné un problème de santé mentale.

La présentation dit que la plupart des maladies « se sont développées récemment ».

En 2017, dernière période pour laquelle des chiffres sont disponibles, des prestations d’un montant de 1,6 G$ ont été versées à 379 000 demandeurs, qui ont utilisé en moyenne dix semaines de prestations.

En 2012, le bureau parlementaire du budget avait estimé que permettre à une personne de réclamer des prestations de maladie pendant 50 semaines coûterait environ 900 M$ par an et qu’il faudrait probablement augmenter les cotisations à l’assurance-emploi pour couvrir les coûts.

L’agence fédérale a examiné les coûts du programme et devrait rendre compte prochainement des effets des modifications éventuelles.